Chers amis, bonjour : au menu aujourd'hui, les pages littéraires. Mais en ce jour de Goncourt-Renaudot and co, point d'écrivains vivants sur cette page ; non ! QUE DES ECRIVAINS MORTS ! Au lendemain de la Toussaint, rendons hommage à celles et ceux qui nous ont enchantés.
Georges Simenon, le Balzac du XXe : il écrivait à toute allure, perdant un kilo par jour, en transes, en sueur. Ah, les insomnies "Maigret"... ces romans qu'on dévore, lampe électrique à la main, avec toujours, toujours ce rituel : Simenon parle du ciel. Du temps. Puis, les lieux : la PJ, l'appartement du boulevard Richard-Lenoir, les amis Pardon, les collègues, Lapointe, Janvier, Torrence. Son écriture, visuelle et fine... on sent les gouttes de pluies tomber, on perçoit l'opacité ronchonne de Jules, son humanité, aussi. Et on se laisse envoûter par cette mélodie lancinante, si caractéristique du style de Simenon, à tel point qu'on oublie l'intrigue pour plonger dans des descriptions psychologiques inégalées.
Moll Flanders, de Daniel Defoe : si les garçons lisent "Robinson Crusoé", les filles sont plus chanceuses car Moll Flanders, récit d'une prostituée au 18e siècle, est un bijou plus brillant, plus fort, mille fois plus passionnant et plus trouble que la vie du brave Robinson. Londres, Londres et sa grande peste, Londres et ses ghettos pouilleux où le pire cotoie une gentry venue s'encanailler à peu de frais, et une créature de rêve, Moll, qui s'éreinte à s'endurcir sans jamais y parvenir tout à fait. Moll Flanders est un diamant brut qu'il convient de relire à l'âge adulte.
Pivoine, Vent d'est vent d'ouest, La terre Chinoise. On a un peu trop vite enterré la grande Pearl Buck, prix Nobel de littérature (tout de même), championne des intrigues lyriques qui s'enroulent élégamment autour de minuscules détails, capable de décrire avec autant d'acuité une famine que la vie d'une courtisane ou encore les chocs culturels (la religion juive en Chine dans "Pivoine"). "La terre chinoise" s'inscrit dans la tradition des grandes sagas ; sa puissance narrative donne vie aux désarrois et aux émois d'une poignée de héros perdus dans un pays gigantesque.
La promesse de l'aube, Romain Gary ;tout a été dit ou presque sur l'auteur et sur ce roman. Bornons-nous à ajouter qu'il s'agit d'un des plus beaux titres de la littérature française, et que l'ado qui n'a jamais fermé ce livre sans avoir versé une larme me jette la première pierre.
Les mémoires de la comtesse de Boigne. Ah, la salope ! Non, je blague. Mais que oui, ah, la méchante femme que voilà. Elle surpasse Saint-Simon en perfidie comme en lucidité. Adèle d'Osmond, née en 1781, n'a aimé qu'un seul être au monde : son père. Elevée dans une famille d'aristos à Versailles, à la veille de la Révolution française, Adèle a bénéficié d'une éducation complète à une époque où le sort des filles était d'être jolies et/ou de se marier. Mariage il y eut, mariage stérile et malheureux. Alors Adèle traversa le siècle et sa passion pour la chose politique nous laisse les meilleures pages écrites sur la Restauration. Un plaisir aigre-doux, une plume féroce, une maîtresse-femme !
Stefan Zweig, Le monde d'hier. Souvent, dans les pages de ELLE, actrices et autres people citent les nouvelles de Zweig comme livre de chevet. Il faut dire qu'Amok ou La pitié dangereuse, ça ne pèse pas lourd (en poids, j'entends). ce n'est pas trop long à lire. Mais personne ne parle du "Monde d'hier", l'autobiographie poignante que l'immense Zweig rédigea avant de se tirer une balle dans la tête. C'est pourtant l'une des plus belles qui soit.
De grandes espérances, Charles Dickens. Parce que sans ce chef d'oeuvre, Harry Potter ne serait pas né. Et aussi parce qu'un auteur exceptionnel adulé de son vivant (hommages, décorations, funérailles nationales), ce n'est pas courant.
"Moumine le Troll", "un hiver dans la vallée de Moumine", de Tove Jansson. Finissons par cette petite merveille pour enfants qu'il faut impérativement lire le soir à ses gamins, ou égoïstement, rien que pour soi. Génitrice d'un univers d'une créativité et d'une poésie étonnantes, la grande Tove, auteur finlandaise qui mena une vie tranquille avec sa compagne, nous a concocté des contes extraordinaires, totalement originaux. Où donc est-elle allée chercher tout cela !!!!
No Comment!! J'adore cette critique...
Rédigé par : Linda.S | 04 novembre 2009 à 17:40