Ingalls aime bien regarder les matchs de rugby avec moi. Je le fais rire avec mes idioties, et lui, il m'épate. Ses commentaires sont souvent des borborygmes sauf quand notre équipe fait une belle connerie: là, on a droit à un "Merde" homérique. On psalmodie en chœur des #allezlespetits, je reste aux aguets quand il lâche : "Là, ça sent pas bon..."
Mais hier matin Ingalls n'était pas là. Selon une idée reçue, la télé est la mort du couple. Faux. C'est regarder la télé tout seul qui est la mort. Alors, pour me donner du cœur à l'ouvrage (et éviter un trac dévastateur) j'ai contemplé le match France-Angleterre un œil vissé sur twitter. Il y avait un monde fou! Et pas le moindre. Politicards rêvant de grandeur et se la jouant "peuple", du style "dans ma circo je suis perçu comme un type à l'esprit d'équipe", supporters de foot espérant glaner une noblesse virile (le rugby est notoirement plus aspirateur à minettes que le foot), enfin, journalistes économico-sociétaux-intellos cherchant, nom d'un Finky, à prouver qu'ils ont une tête mais aussi des jambes. Ces derniers ont été les pires. Sale engeance que le sciences-po/thésard se réveillant soudain de sa période post acné pour analyser ses biceps. Oh, je peux bramer toutes les cornichonneries de la terre, je reste loin du compte. Entre deux #undropicietmaintenant, #tagueuleChristianJeanPierre et surtout l'inénarrable #jevouslavaisbiendit #drop, les penseurs se prennent pour les devins du stade.
Oui, ta gueule, intello sportif. Je vous l'avais bien dit est une phrase non rugbystique puisque le rugby, c'est le triomphe de l'impondérable. Je préfère un Abiker qui avoue tranquillement ne rien connaître à ce sport à tous les avoinés du "je traque l'en-avant du haut de mon langage soutenu".
Mes amitiés donc à Christian Jeanpierre injustement conspué sur twitter et à mon copain de classe Christophe Jammot. Oui, je sais, ce dernier officie dans la rubrique foot, mais je peux certifier un truc : être journaliste sportif, il en rêvait depuis le biberon. Cela lui donne une relative légitimité face aux commentateurs du dimanche (enfin, du samedi parce que ce matin il n'y avait plus personne).
Un Spé Depoil et un Spé André Joucla pour la route:pour eux, le rugby est une aventure du cœur, avant la tête, avant les jambes.
Baisers de la pine'up en touche, qui, quand elle raconte n'importe quoi, ne se prend pas DU TOUT AU SÉRIEUX. Le rugby, c'est une joie parmi tant d'autres, pas une "nouvelle spiritualité populaire qui annihile les différences sociétales".
- Allo? Ingalls? T'es content? On a gagné!
- Ouais, mais le rugby sans toi, c'est pas pareil. Tu me manques...
Pour un peu je me prendrais pour un commentateur sportif, nom d'une Albaladéjette!
Et à mes potes : suis heureuse pour la France, mitigée concernant l'Irlande, c'est vrai, j'avais une tendresse pour O'Gara.
Le joueur vénéré par Ingalls, toutes époques confondues est, est... DAVID CAMPESE. Le vôtre?