Un dîner à Takayama.
On se baladait à la nuit tombée dans cette petite Kyoto des Alpes japonaises, un peu fatigués par le long voyage en train,l’estomac dans les talons. Au Japon, on dîne très tôt. Soudain, mon fils, mon ventre préféré, aperçoit un bâtiment ravissant qui semble être un restaurant. Mais avec des courbettes appropriées et une mine plus que désolée, la patronne nous signifie en angloponais que l’établissement est complet.
- Suis dégoûté, dit Max. Je suis sûr que c’était un endroit délicieux.
On marche vers le vieux centre ville et sur la gauche après le pont, nouveau bâtiment tarabiscoté qui promet d’être un lieu de restauration. Nous entrons donc, demandons s’il est possible de dîner à une Japonaise exténuée et à peine polie qui nous répond dans un très bon anglais : « Là-bas. Mais je vous préviens, c’est le dernier service (il est 20h30). » A peine assis, nous jetons un coup d’œil circulaire. Dans l’angle de vision de Max, une tablée de Scandinaves albinos. Dans le mien, une famille de Français sortis de l’Apocalypse : Monsieur, cheveux gras et visage rougeaud (poivrot?) se cure ostensiblement les ratiches. Madame, combinant mini jupe et débardeur sur corps ayant beaucoup servi, commence une scène de ménage. Max se penche vers moi, le sourcil en accent circonflexe:
- il est peut-être encore temps...
On se lève d’un commun désaccord puis on file sans demander notre reste.
Une fois dans la rue, on éclate de rire.
Pressons, pressons. Max, œil de lynx, repère un boui boui qui ne paie pas de mine extérieurement, mais qui a un énorme avantage : il ne semble fréquenté que par des Japonais. Bien nous en a pris ! Ci-joint une photo de la taulière cuisinière et de ses délicieux plats du jour modestement posés sur le bar (chacun demande sa pitance). Sans un mot d’anglais, nous avons réussi à sympathiser avec elle et je lui pépie à nouveau une kyrielle d’arigato gozaimashita!
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