J’ai terminé « Soif » d’Amélie Nothomb au café, à midi. A coup de grandes gorgées d’eau, tout en me bouchant les oreilles pour éviter d’entendre la conversation odieuse de deux voisines de table.
Je lui donne le Goncourt sans la moindre hésitation; Nothomb est une romancière-née comme son compatriote Hergé est un narrateur né: elle partage avec lui le don de la ligne claire. Si on suit la définition de Colette (« il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne »), les pages de « Soif » possèdent la grâce vulgaire des grands talentueux. Contrairement à son habitude d’écrire de magnifiques premières pages puis, parfois, de s’essouffler et de bâcler un peu ses fins, Amélie bute sur le début, mais offre une conclusion en apothéose.
Ceux qui croient qu’écrire aussi simplement est facile se trompent: il faut des heures et des heures de travail pour offrir une écriture précise et limpide. A l’audace d’un tel sujet - se prendre pour Jesus, rien moins que ça - répond une drôlerie digne du Galiléen.
Champagne, chère Amélie. Il y a presque du Lubitsch dans votre Christ, c’est à dire du dépouillement là où tout le monde voit le rire.
Je n'ai jamais accroché, mais les romans me laissent froid et m'ennuient profondément. Je lis en ce moment Les Commentaires des guerres en la Gaule Belgique (1551-1559) de François de Rabutin que j'ai téléchargé sur Gallica. J'aime beaucoup la langue du XVIe siècle.
Rédigé par : Le Nain | 21 septembre 2019 à 10:40