La fin du merveilleux voyage approche - hélas! Nous sommes à présent au milieu de nulle part, dans un ryokan en zone sulfurique, seuls Occidentaux en pays volcanique, donc thermal. Au Japon, pays de l’eau, les bains, c’est sacré. Dans notre auberge, ils sont ouverts jusqu’à minuit. Les clients s’y dirigent avec lenteur. Le lieu est austère; terminé le kawai, nous ne sommes pas ici pour l’ornement mais pour le dur labeur de se remettre en forme. Dans la partie réservée aux femmes, je barbotte en compagnie de cinq créatures peu aimables pour ne pas dire renfrognées qui aspergent leurs corps sévères à coup de seaux d’eau glacée. Tout ceci sans un mot. Nous sommes loin, bien loin des hammams méditerranéens avec leurs femmes chaleureuses et caquetantes! Max a eu plus de chance que moi: il a fait la connaissance dans les bains masculins d’un tokyoite enthousiaste qui ne tarissait pas d’éloges sur la France. Yukatas de rigueur, heureusement fournis par l’hôtel. Max s’y sent comme un seigneur tandis que j’ai l’impression d’être une vieille servante. Personne ou presque ne parle anglais, mais j’ai réussi, avec force grimaces, à faire saisir à nos hôtes que Max est mon fils et non mon sigisbée. Ils ont semblé fort rassurés - jusque là ils me regardaient avec une discrète désapprobation. Hélas aussi, la proximité du Fujiyama ne sert pas à grand chose: le ciel est si bas qu’il est impossible de l’apercevoir. Mais ce pays est si extraordinaire que j’y reviendrai, encore et encore... et je le verrai...
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