Tant qu'on a la santé... Plus que jamais l'obsession humaine se situe là. Et quand j'observe certains amis, certains parents ou les inconnus sur les réseaux sociaux, haro sur l'hygiène de vie douteuse est le cri de ralliement le mieux partagé.
Vous aussi, avez-vous diné avec des individus qui prennent un air constipé à l'idée de finir les agapes par un beau dessert ? Qui hantent les salles de sport non pas pour maigrir, mais pour se purger des déchets toxiques? Vous aussi, êtes-vous abreuvé de messages "la nourriture qui guérit", "halte à la pollution", "les voitures sales", "Tchernobyl : ses terribles conséquences", "la nature, votre amie" etc etc etc.
Je vois des hommes et des femmes se projeter dans une vision de vieillards. Ils vont se bichonner comme mon père (85 ans) tente de le faire pour affronter l'hiver. Sauf que l'hiver, ils en sont loin. A force de reculer les échéances, la vie, ils en sont loin aussi.
Les applis qui mesurent les pas, calculent les taux de cholestérol... Comment avons-nous pu en arriver là? Ou plutôt comment avez-vous pu en arriver là, ne comptez pas sur moi pour posséder une quelconque "appli santé". Ne comptez pas non plus sur moi pour les tests salivaires qui vous donnent l'hypothèse de chouchouter un éventuel Alzheimer avec un ratio de 30 ans avant le déclenchement de l'épouvante.
Parmi ceux de ma génération, celle des jeunes quinquagénaires, les plus intégristes sont aussi ceux qui ont passé leurs 20 ans à imiter Keith Richards. Toute cette débauche pour finir par annoter ses feuilles de sécu ou discuter inlassablement des bénéfices de la méthode de son naturopathe préféré, ça laisse songeur.
Vivre plus longtemps pour mourir plus jeune, non merci.
Je ne fais pas pour autant l'apologie de l'autodestruction, ceux qui veulent se démolir à coup d'alcool/drogue ont toute ma pitié. Mais enfin, pour les autres, pouvez-vous une seconde arrêter de raisonner comme si vous étiez à la fin de l'existence? Jamais le mot hystérie ne s'est aussi bien porté qu'en ce moment... sauf qu'on peut en toute tranquillité le masculiniser, l'orthonormie se déclinant presque plus intensément chez les fringuants messieurs.
Ca n'est pas drôle de vieillir ? Non. Aux femmes les bouleversements hormonaux, aux hommes les gonflements d'estomac, les problèmes gastriques et autres inflammations prostatiques. Mais est-ce une raison pour se cramponner à une adolescence qui cache des angoisses de centenaire?
J'applaudis chaque ami(e) qui décide d'arrêter de fumer, je meurs d'ennui à chaque conversation sur les bienfaits de la purge.
Et puis, quitte à verser dans le sadisme, vous pouvez manger toutes les graines de la terre, fuir la voiture et maudire le nucléaire, vous êtes tous sur vos ordinateurs ou vos portables qui envoient des ondes magnétiques sur lesquelles nous n'avons aucun recul. Pendant que votre outil 4G vous enrobe de ses microbes silencieux et maléfiques, vous continuez à lire sur vos écrans, et vous mourez comme tout le monde. Vivez vieux ? Vivez dans les bois, sans couverture wifi, sans portable, sans lésions cérébrales.
Mourir jeune, mourir vieux... Mourir et avoir aimé, mourir et avoir été aimé. Le reste...is blowin'in the wind.
Memento mori, et carpe diem.
Rédigé par : Le Nain | 26 octobre 2016 à 07:49