Nous étions faites pour nous rencontrer, Romy et moi. Je crois à ce genre de hasard qui n'en est pas tout à fait un. Comment une Française ouvre une boutique dédiée au design abordable et festif, a le culot de l'ouvrir dans un endroit a priori peu enclin à la notion de design, l'ouvre pour des raisons de deuil à sublimer, l'ouvre en entrainant dans son aventure sa fille et une amie de sa fille auxquelles elle souhaite transmettre un gout mais surtout un métier, rencontre une Néerlandaise qui a créé un univers graphique, coloré avec son mari architecte...
J'ai aimé la marque Studio Roof tout de suite. Sans doute pour des raisons qui offrent un écho parfait au temps d'un bonheur amoureux : j'étais la coloriste de François, à lui revenait le sens des volumes.
J'ai très vite commencé à vendre chez YOK le travail de Romy, sans savoir la place que tenait Ilya dans sa création ; je savais juste que Romy travaillait avec son mari et qu'il était russe. Lorsque j'allais chaque année la retrouver à Maison et Objet, on se jetait dans les bras l'une de l'autre avec le même enthousiasme communicatif... Elle me disait que j'étais plus qu'une cliente, je lui répondais qu'elle était plus qu'un fournisseur...
Studio Roof a tous les atouts de mes rêves décoratifs : une gamme de prix très raisonnable (leurs best sellers sont des cartes à monter soi-même qui coutent 5€), un sens de la couleur typique des Hollandais, une allusion à l'art assez russe (beaucoup d'influences constructivistes), un ancrage dans le monde de l'enfance sans jamais le rendre fade ou niais. Mon utopie stylistique devenue vraie : belle, apaisante, joyeuse et surtout accessible à tous.
Romy étant bilingue en français, discuter ensemble est facile ; nos tempéraments fluides font le reste. J'observe l'évolution de son travail, elle note mes nouveautés. Moi à Boulogne-Billancourt, elle à Amsterdam, nous nous encourageons de loin, grâce aux multiples ramifications des réseaux sociaux. Il y a gaieté et tendresse ; dans son travail comme dans le mien.
La semaine dernière, Romy m'a fait une très belle surprise : elle est passée chez YOK avec son mari Ilya et leurs deux filles. Il faut ajouter ma fierté personnelle concernant studio ROOF : la marque a été sélectionnée par Hermès pour travailler avec eux dans l'espace petit H. Romy, Ilya sont donc venus voir leurs créations habituellement en carton, cette fois gainées de cuir et à d'autres prix, qui ornent la boutique mythique de la rue de Sèvres.
Puis la petite famille a pris le métro pour atterrir chez YOK.
On a ri, on s'est amusés, on a pris un verre et on a parlé des débuts de Studio Roof...
Il était une fois un couple qui s'aime; madame a un haut poste dans un secteur marketing, monsieur est un architecte qui souffre de ne pas voir sa sensibilité comprise. Ils se sont rencontrés à Moscou, dont est originaire Ilya, mais vivent dans une très belle maison d'Amsterdam. Un jour, Romy décide de tout changer ; mais elle ne peut le faire seule, elle a besoin de la créativité de son mari. Elle sait qu'elle maitrise la couleur, elle sait aussi que son mari a un sens des proportions magique. Ils vendent leur maison; ils partent s'installer quelque temps à Montpellier; ils reviennent en Hollande et créent ensemble leur propre marque de design basée sur l'accessoire : mobiles, cartes postales en 3D, bougeoirs, trophées, quelques meubles en bois clair. Ils ont tout misé, tout risqué pour cette marque qui reflète leur sensibilité. Et ils sont récompensés : les boutiques de musées aiment ce drôle de concept, certaines marques commencent à les copier, signe qu'ils sont intéressants. Leur force réside dans ce mélange, dont on ne sait pas trop s'il est à majorité russe ou à majorité néerlandais : peu importe, la symbiose est souple, enrichissante, réussie.
Longue vie à Studio Roof, les amis. Et comme prévu, je viendrai vous voir cet hiver. Et même au printemps prochain. Et même à l'été prochain #keepintouch #design #colours
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