Oh, you... L'enchanteur de l'enfance, l'objet de bien des études, l'imagination totale montée sur pattes... Racontez-moi des contes qui se terminent bien, racontez-moi l'histoire d'un homme né pour le pays merveilleux, racontez-moi Disney. Non pas le marketing qui me donne envie de pleurer, celui de Disneyland que je déteste, mais l'histoire d'un homme capable de refaire tout Blanche-Neige parce que les couleurs de la carnation de la princesse ne lui plaisaient pas (véridique, les joues à peine rosies de la belle furent coloriées délicatement image par image).
Je crois que je lui dois, très jeune, très très jeune, à peine sachant marcher, les premiers chocs de coloriste.
Eh oui, cher Walt, alors que tu es en train de mourir d'un cancer du poumon, je balbutie devant une ressortie de Blanche Neige...d'un coup s'offre à moi ton premier long métrage, probablement ton plus beau. Tu as investi toute ta fortune dans le plus fantastique pari financier et esthétique de toute l'histoire du cinéma hollywoodien : en 1937, qui aurait pensé qu'un dessin animé pouvait durer plus d'une heure... Toi. 750 techniciens pour réaliser cette folie... Un budget initial décuplé qui faillit mettre en péril l'empire que tu avais déjà bâti...
1966, alors que je trottine, tu pars six pieds sous terre... C'est injuste. Nous étions faits pour nous rencontrer. Qu'on ne me parle pas de mièvrerie avec toi; ceux qui te qualifient de mièvre n'ont qu'à garder leurs gouts pour eux. Le premier sentiment - la peur- , comme tu l'illustres bien avec la séquence de Blanche Neige traversant la forêt... Et ce coloriage, tout en demi-teinte, bien loin des tons criards et vulgaires de tes successeurs...
(Idée de cadeau à me faire : "Walt Disney's sketch book of Snow white and the seven Dwarfs", Collins, 1938).
Tu nais à Chicago, le 5 décembre 1901, dans une modeste famille d'origine irlandaise qui aurait peut-être des origines françaises (d'isigny/disney?). La suite... je ne vous dirai plus rien car ce soir, sur Arte, 4 heures de documentaires te sont consacrées et il est fort possible que je verse une ou deux larmes d'émotion.
Lorsqu'on ressent un peu de tristesse, il est utile d'apprendre à se distraire tout seul. Cher Walt, tu as été un grand maître es rêves pour moi.
Tu m'as fait découvrir le travail d'équipe. Des noms prestigieux comme celui de la coloriste Mary Blair
des dessinateurs surdoués tels que Albert Hurter, Gustaf Tenggren et Kay Nielsen...
Loin, bien loin des parcs d'attractions que j'ai été obligée de subir comme toute mère de famille qui cède à sa progéniture et se retrouve le soir venu avec une bouillotte sur la tête après une journée à te maudire, ta puissance créatrice est là, vive, gorgée d'imagination, perfectionniste, nourrie d'art et d'architecture.
Après ta mort, les dessins animés baissent en qualité. Il n'y eut qu'un seul Disney... Dali t'adorait? Moi aussi, moi aussi...
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