Puisque nous ne dansons plus au dessus du volcan mais bien dans le volcan, une note légère est de mise. Légère, c'est vite dit puisque je considère l'amour comme l'essence de la vie, et qu'on ne badine pas avec l'essence de la vie. J'écoute, grandes oreilles ouvertes, les hommes et les femmes me raconter leurs histoires. Je regarde passer sur les réseaux sociaux les leçons des uns et des autres. Leur densité - ou leur absence de densité. Je n'ai pas d'a priori sur ces réseaux qui sont bien plus un usage qu'une fin en soi. Cet usage, sur lequel on se livre toujours trop - je serais tentée de dire "tant mieux", c'est un réceptacle des sensibilités - aiguise ma curiosité, voire mon respect. Quelquefois mon mépris. Mais rarement. Mon indignation ? Ca arrive. Ma tristesse ? Aussi.
A l'âge où l'on balaie devant sa porte, la mienne effectue un tri postal. Et pose un drôle de constat: à force d'écouter les lassitudes de femmes et d'hommes célibataires, sentimentaux, sensibles, qui se sont usés sur les sites de rencontres, je me demande s'ils ont choisi les bonnes exigences - ou le bon algorithme, selon que soyez matérialiste ou rêveur. Et j'en viens à ce mot brulant sur toutes les lèvres: la religion. Les religions.
Il y a chez de nombreuses personnes une forte quête de sens, de loyauté, d'aller au delà de la pression de l'apparence... D'arriver au bonheur de la complicité et de la sensualité. Cette quête se heurte à la barrière du consumérisme. A la photo qui plait ou non. A l'incapacité de l'autre rencontré qui ne sait pas lire le paysage d'un visage. Il y a duel entre l'indépendance chèrement acquise (du coté des femmes) et l'immense déception de se retrouver parquée dans une liste comparative entre des seins et une perf'. Ou une bite et une perf', pour les hommes déçus et fatigués.
C'est en lisant cet article d'Onfray que j'ai acquis non pas une certitude, mais un début d'avancée : les religieux nuancés dépassent souvent ce constat. Les athées, beaucoup moins, cher Mr Onfray. Dans ce que je vois défiler ici ou là, je ne peux pas dire que l'athée me séduise. Vous êtes en colère contre le monopole du spirituel par les religions? Vous refusez que les athées soient perçus comme une bande de pourceaux ? Peut-etre vous seul, avec votre athéisme flamboyant, arrivez à lui donner une vraie poésie... Je vous prête mon mur FB pour y contempler les babouins libertaires accros aux applications qui vous font gagner 3 minutes, aux images de nanas parfaites (elle est bonne, elle), à la joie d'avoir effectué 50 km à vélo en moins d'une heure, au plaisir de photographier chaque jour son plat favori, à la vanité de poser une image de soi entouré(e) de bimbos/minets. Les babouines ne sont pas en reste, notez-bien. En général, elles tombent plus vite que les hommes dans la noirceur de la dépression ou d'une jalousie coriace devant la joie des couples heureux. Attention : je ne dis pas que tous mes amis athées sont des porcs superficiels. Il y en a, les merveilleux, qui cachent soigneusement derrière ce déluge robotisé une sensibilité d'Emile rousseauiste ou de Nouvelle Héloise. D'ailleurs, ces merveilleux ne BRANDISSENT PAS LEUR ATHEISME, ils ou elles le vivent sagement...
Une personne amicale et pragmatique, devant mes interrogations, m'a quasiment inscrite de force sur un site de rencontres. C'était au coeur de l'été, sans doute la période du rut, car boum, je me suis retrouvée en 10 minutes abreuvée de messages auxquels je n'ai pas répondu. Je regarde cette application avec un oeil d'une totale perplexité, songeuse, incapable de l'utiliser non pas par a priori orgueilleux (moi, la-dessus, jamais), mais parce que je n'avais pas trouvé au mois de juillet le bon filtre de conversation. Eurêka, grâce à Onfray je l'ai trouvé : je ne veux discuter qu'avec un catholique féministe, un protestant féministe, un anglican féministe, un juif féministe, un musulman féministe. C'est radical? Pas tant que cela. Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas, et si je garde mes doutes, je préfère rencontrer un homme qui a l'humilité de se recueillir à tout autre pour lequel le but sur terre se résume à "être bien dans sa peau".
Si Dieu n'existe pas, alors tout est permis a écrit Dostoievski. J'ai remarqué un certain cynisme chez les athées (pas tous), une envie de vivre superficielle, de vouloir rester jeune pour repousser l'inéluctable, une peur certaine de la mort et de son anéantissement loin de la sérénité romaine (Non fui, fui, non sum, non curo).
Rédigé par : Le Nain | 07 octobre 2015 à 06:54
Oui, même constat...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 octobre 2015 à 10:09