ou comment un individu atterrit en prison après la découverte chez lui d'un sabre ensanglanté, ultime trace de son épouse disparue dans la nature. Meurtrier ? Innocent ? A nous de suivre ce nébuleux personnage qui cherche dans ses souvenirs les vestiges de son amour. Va-t-il dénouer, grâce à l'aide d'un coloc de cellule plus porté sur le cannibalisme que sur les braquages, les mystères d'un mariage devenu carcéral? Bien malin qui le saura car l'auteur, Hugues Serraf, nous décrit avec toute sa loufoquerie comment, et non pourquoi, un homme aimant passionnément sa femme peut se retrouver réduit en zombie, courant, rampant après une insaisissable. Jusqu'à l'assassinat ? Un couple sur le déclin, est-ce une mise à mort ? Un chagrin d'amour, est-ce de l'amour ?
Rarement prison aura trouvé meilleure métaphore : celle de l'asphyxie qui vous saisit lorsque l'autre ne vous aime plus. Notre narrateur, dont on ne connait jamais le prénom, a cependant un filet de liberté : son humour.
Comment j'ai perdu ma femme à cause du tai chi (éditions de l'Aube) n'est pas une pleurnicherie d'amant déçu ; c'est un roman farfelu, drôle, qui traque non pas les cocus psychopathes mais les signaux d'alarme annonciateurs de désastres affectifs.
On rit. Beaucoup. Sous la légèreté de la plume de Serraf, de temps à autre le coeur se serre. La légèreté, courtoisie des faux joyeux, cache ses grimaces sous la blague. Notre gracieux narrateur transforme ses déboires en bulles de savon ; lorsqu'elles finissent par exploser, la chute est inévitable...
Mon passage préféré : celui des vacances Bidochon avant l'heure dans les VVF landais. Grâce au tour de force de l'autodérision, on rit d'un malheur qu'on a à peu près tous expérimenté, celui des vacances catastrophiques.
Comment j'ai perdu ma femme à cause du tai chi n'est pas un roman fort : pas de tripes sur la table, pas de pathos. Mais l'exercice de la retenue, celui d'une certaine pudeur qui laisse filtrer quand elle le veut des vérités douloureuses, demande une maîtrise de l'écriture que Serraf possède sans effort apparent. Pour cette maitrise, il a toute mon admiration. Et pour m'avoir fait rire, aussi. Car faire rire, c'est beaucoup plus difficile que faire pleurer.
Ps : le sieur Serraf signe son roman le 4 septembre à la librairie Libralire, 116, rue Saint-Maur. Parisiens, allez-y, dans la vraie vie, Hugues est presque aussi drôle que son narrateur #Seinfeld
Je ne fais jamais de sport. Le nombre de sportifs cassés de partout que je connais est impressionnant, et quand ils vieillissent, ils sont perclus par vieilles blessures. Je n'ai mal nul part, quelques rhumatismes, mais pas dus au sport.
Rédigé par : Le Nain | 04 septembre 2015 à 03:53
ne m'encouragez pas trop, ma grand-mère centenaire churchillienne est un exemple si vivace...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 septembre 2015 à 16:21