Chapitre 1
Chevillée désormais à ma ville de Boulogne pour cause d’ouverture d’un commerce, j’ai décidé de parler… de ses habitant(e)s par le prisme de YOK.
Ma tendresse va vers les vieilles dames poétiques. Elles entrent timidement, poussées par les couleurs. On tape la discute. Certaines possèdent des trésors qui n’intéressent pas leur descendance (vases Gallé…). Cheveux neigeux, regard un peu voilé, elles trottinent, toutes mignonnes, si frêles qu’on a envie de les prendre dans les bras. Il y a aussi les fantaisistes babyboomers. Fières et altières, elles ne font pas attention aux modes. Elles ont découvert Courrège dans les années 60, Agnès B dans les années 70 et ne veulent ressembler à personne. Elles ont l’œil aguerri et savent ce qu’elles veulent. Il y a les architectes – souvent des hommes - qui viennent uniquement pour le volume d’un meuble, pour sa « coupe ». Ils sont fonctionnalistes, modernistes, cherchent l’utilité avant la beauté de l’accessoire.
Et puis il y a les grandes émouvantes. Comme cette femme qui achète, petit à petit, en mettant ses sous de coté, un tabouret design. Elle a beaucoup moins de moyens que les autres, elle réfléchit très longuement. Elle n’est pas timide - elle se concentre. Elle vient d’acquérir enfin sa maison A ELLE après avoir travaillé longtemps dans celle des autres. Alors question gout, on ne la lui fait pas. Elle peut rester des minutes entières, immobile, à réfléchir. Puis, d’une voix assurée, elle se décide. Je me retiens d’applaudir son choix ; elle a le sens inné de la couleur.
Enfin, il y a l’adorable. Le sens de la couleur, elle ne l’a pas. Elle aime le vieux rose…, oui, mais elle se sent un peu perdue. Elle demande gentiment de l’aide. Elle est si humble que je me mets en quatre pour elle.
Pour finir : les amoureux. Les jeunes, les vieux.
Celui qui débarque :
- Votre fauteuil, là, il peut supporter 100kg ?
- Même 200 !
- Ah, il me plait bien… j’attends que le gouvernement rentre de vacances, et on revient vous voir.
J’ai parfois tendance à surestimer l’humanité et à être déçue par sa mesquinerie, alors des journées avec le sourire des autres, ça fait plaisir.
C'est la magie du commerce... de belles rencontres !!
Rédigé par : Linda.S | 17 avril 2014 à 09:38
On rencontre de tout, depuis la personne ayant un début d'alzheimer qui vient chercher trois fois le journal et qui se fâche quand je lui dis qu'elle l'a décjà acheté, le cadre très supérieur à la retraite qui passe une heure pour parler histoire, car les gens du quartier connaissent ma marotte, de la veuve récente et âgée un peu paumée dans ses démarches à faire et des personnes âgées qui me racontent leur jeune temps parce que je sais qui était président du conseil en ces années là, et que je connais les chansons d'avant-guerre. C'est amusant. Dommage qu'on y gagne mal sa vie.
Rédigé par : Le Nain | 19 avril 2014 à 17:38