Cher Guillaume,
Je sors de votre film dans une ineffable lévitation émotionnelle. Votre film est… Il faut que j’y retourne demain, après-demain, tous les jours de la semaine prochaine…
Les garçons et Guillaume à table ! n’est pas réellement un film sur la quête de l’identité. Ce n’est pas réellement un film sur la grande bourgeoisie. Ce n’est pas réellement un film sur la figure maternelle. Ce n’est pas réellement un film sur l’ambivalence sexuelle. C’est un film sur le pouvoir de l’amour.
Dans les lignes qui suivent, je vais vous encenser ; ne croyez pas qu’il s’agisse de complaisance envers votre talent : je suis une critique de cinéma impitoyable – les lecteurs de ce blog le savent bien-, cruelle à la Wilder.
Depuis Cloclo, c’est le meilleur film français que j’ai vu. Comme Cloclo, Les garçons et Guillaume à table ! est un conte. Votre conte, moitié Commedia dell’arte, moitié Shakespeare. Désopilant de gravité.
« Je ne suis pas unique », confiez-vous. Je confirme, vous êtes celui qui cristallise une universelle souffrance humaine, celle de l’impuissance à la notion d’appartenance. To BE or NOT to be. Vous vous en emparez en jongleur hors pair à la Guitry, vous l’allégez sans jamais la nier ; la souffrance devient baudruche puis nuage de rire et enfin folle pluie d’été annonçant la délivrance.
« Ce film est un chant d’amour aux femmes » ai-je entendu ici ou là. Heureusement non ! Je déteste les hommes qui proclament : « J’aime les femmes », comme si nous étions une entité sacrée ; la plupart du temps c’est la phrase-alibi dont se servent les messieurs pour se comporter comme des porcs. Non, vous n’aimez pas « les femmes », vous aimez… la votre.
Vous êtes français à un point délicieux : oh, ce n’est pas un hasard si le film réunit l’Espagne et l’Angleterre, vous êtes ainsi fait, croisement géographique entre puritanisme et sang latin ; vous vous « tenez » jusque dans votre exubérance.
A mon mari au Paradis : as-tu bien ri, trésor de mon existence ? Je le crois ; je le perçois.
Cher Guillaume, vous connaissez mon père. Il vous apprécie beaucoup. Je connais à présent votre mère. Je ressens une curieuse et agréable sensation de ressemblance.
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