une lettre d’amour de plus à la sortie de ta énième autobiographie. Et à mes followers : Johnny n’est pas
NEGOCIABLE. Citons Elsa Triolet, pas moins :
« Le malheur d'être trop
bien servi par les dieux... De quoi lui en veut-on à ce splendide garçon, la
santé, la gaieté, la jeunesse mêmes? De sa splendeur? De la qualité de ses dons
et de son métier acquis, de sa sottise de jeune poulain? Des foules qui le suivent
irrésistiblement? C'est la même haine que pour Brigitte Bardot. Et lorsqu'on
leur tombe dessus, je reconnais en moi cette colère qui me prenait au temps où
l'on essayait d'abattre Maïakovski, et d'autres fois, d'autres poètes... comme
le soir où l'on a sifflé "Hernani" au Français, en 1952, pour le cent
cinquantenaire de Victor Hugo. Cette volonté de détruire ce qui est trop bien,
trop beau, trop gigantesque... La réputation que l'on fait à ceux que l'on veut
détruire, Dieu sait pourquoi! »
Visionnons Luchini
Quel est « mon »
Johnny ? Le splendide ? Celui qui possède la tessiture poétique de l’enfance ?
Un peu des deux. Le splendide de ma jeunesse, oh oui. Enfant qui déjà disputait
le ressenti à l’analyse, je t’observais autant que je t écoutais. Ta voix ? J’en aimais le timbre, la
tendresse. Tes expressions de visage… Un paysage, un fabuleux paysage que j’ai
retrouvé chez un seul autre privilégié : mon mari. Ventura avait ça, aussi,
c’est vrai ; ce pouvoir de montrer la face sombre puis de l’annuler en
un brutal sourire qui illumine, un sourire qu’on peut qualifier
de ravage.
Fidèle, je t’ai suivi à chaque époque. A chaque instant, à
chaque chanson je guettais l’épanouissement de ce sourire enchanteur. Une promesse de soleil qui me donne toujours
la chair de poule. Il y a une dizaine d’années j’avais acheté au black et à
prix d’or une place pour ton concert des 60 ans au Parc des Princes. J’y étais
allée après m’être préparée comme une débutante :
débardeur lamé, futal en cuir- j’étais parée. Je déteste les grands messes, je
déteste la foule, je déteste les concerts. Mais le tien, ce n’était pas
loupable et tu ne m’avais pas déçue. La
chanson que tu avais « emportée » : Les portes du pénitencier. Ce qui m’avait frappée : l’absolue
disparité de la foule, des bourges aux prolbaques, des théâtreux aux familles avec
rejetons..., nous étions rassemblés en une masse si hétérogène et pourtant si
fervente… On pourrait parler de religion
à ton égard, celles des grands charismatiques qui vibrent au Yallah de sœur Emmanuelle. En 2010, j’ai réalisé mon rêve : être
invitée par une amie VIP à ton anniversaire. J’approche, transie tel Obélix
devant Falbala pour te serrer la main… au lieu de dire : « Bonsoir,
Monsieur » je balbutie un authentique : « Ksssssmmmffff ». Tu
es au-delà de la lassitude, tu sors de l’hôpital, ton teint est gris, les yeux jaunes, tu n’as
pas l’air dans la vie. Tu es impressionnant de fatigue. Tu sembles au bout du
voyage. Ta femme est là, sereine, souriante pour deux à tes côtés. Je vais
comme une somnambule à ma table. Le diner se déroule comme un brouillard pour
moi. A la fin, tu remercies tout le monde, de ta voix mécanique et bien élevée.
Puis tu empoignes le micro. Et là, du tréfonds de ton être jaillit Toute
la musique que j’aime , et là, sous nos yeux, tu ressuscites. De ma vie
je n’ai jamais vu ça. Jamais. Spontanément les gens se lèvent et montent sur
les chaises, sans clameur, dans une sorte d’élan silencieux. Tu es un miracle
de grand généreux à toi seul. Alors, à chaque fois que j’ai besoin de courage,
je pense à cet instant hallucinant. Comme Molière, je te souhaite, le plus tard
possible, de mourir sur scène. Tard, très tard.
Baisers de
la pine’up qui embrasse le sourire d’Ingalls, mon Ingalls qui possède la
majesté et l’élégance hors normes des écorchés. Des survivants.
Baisers de la pine'up qui aime la déco des années 50 TRES TRES HAUT DE GAMME (pareil pour l'amour). Et qui laisse les luminaires scandinaves en plastique ou en papier mâché aux bobos.