Tout y était pour parfaire la foire aux vanités. Tout y était et plutôt mieux qu'avant. Actrices plus ravissantes que jamais, maître de cérémonie dans un registre plus Guitry que gros mots, bateleurs restant sobres – sauf Damiens, mal utilisé. Les prix m’ont semblé justes, même si le trio Riva-Trintignant-Haneke m’a paru un peu trop compact ; à force de primer les anciennes gloires injustement oubliées, cette surenchère de prix seniors les annule au lieu de les mettre en valeur. Riva surtout fut scintillante de douceur. Ce fut français, ce fut spirituel, ce fut sans ces affreuses logorrhées verbales « Ah là là c’est affreux ce qu’on souffre, nous artistes généreux-vive-les intermittents du spectacle à bas les ministres qui veulent toucher à nos privilèges". Les râleurs avaient reçu un mot d’ordre : « Bouclez-la. » Ils ont globalement tenu parole, à mon soulagement. Flèches anti Depardieu ou anti bien-pensance se sont succédées à un rythme paresseux, mais assez apaisant. La café society du cinéma français n’avait visiblement pas envie de dévoiler ses haines. Suprématie de l’éducation sur les « Wouha ! Putain ! J’vous aiiime ! ch’crois qu’j’vais chialer » qui nous inonde en général. Là, les remerciements étaient du style : « Merci. Merci beaucoup. Une pensée pour ma mère que j’aime ». Cela a plus de tenue, décidément. (Beaucoup de remerciements aux mères hier soir, rien pour les pères- les hommes en haut des grues ont du travail à approfondir.)
Florilège des jolis instants.
Audrey Lamy, toujours la plus drôle
Laurent Laffite, impeccable
Emmanuelle Riva, un rêve de vieillesse
César personnel des plus élégantes
Et enfin, le superbe entre les superbes avec son prénom de blaireau, qui fait exploser le cadre des convenances : lui. Quand l’Amérique nous fait mettre genou à terre, elle sait s’y prendre avec une grande simplicité.
Baisers de la pine’up merci de m'accepter telle que je suis
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