Dialogue avec ma libraire (je suis du style à slalomer entre les linéaires de la FNAC, puis à commander mes livres dans les librairies de quartier) :
- Bonjour Francine! avez-vous reçu ma commande ?
- Oui, la voilà. Je pense que vous êtes la seule femme de Boulogne à lire les mémoires d'Alison Arngrim (éd Florent Massot).
- Euh...
Que lisent donc les Boulonnaises ? La délicatesse ? L'élégance du hérisson ? Les Déferlantes?
Nom d'un Foenkinos, aucune n'a la curiosité d'aller vers certaines... prises de risque ? (Blague à part David Foenkinos est moins enjoué que ses livres, mais c'est un homme très courtois.)
Suis ressortie fièrement de la librairie en tenant dans les bras ceci
Et ne me dites pas que vous n'avez JAMAIS entendu parler de Nellie Oleson, alias la méchante de l'ineffable feuilleton dont je m'inspire pour caricaturer mon bienaimé Ingalls de mari.
J'étais dévorée de curiosité à l'idée de savoir qui se cachait derrière l'odieuse gamine de cette série. Du bon, je le soupçonnais. Et je n'ai pas été déçue : Alison Arngrim est un personnage de roman, un vrai, comme je les aime. Oh, ce livre n'est ni bien ni mal écrit : il n'est pas écrit. Mais le parcours d'Alison est incroyable. Arngrim est l'antithèse de Nellie Oleson, qui fut son défouloir d'enfant sage. Imaginez l'histoire d'une petite fille trop obéissante, et vous tenez la poésie, la mélancolie, la tristesse et la vivacité d'une enfance nuageuse, orageuse, rédemptrice. Alison/Nellie est née au début des années 60 dans une famille de Canadiens en révolte contre leur milieu huppé. Maman a fui la bourgeoisie de Vancouver pour épouser papa, un gay/bi dont le métier était: manager de Liberace. Le métier du père en impose : manager de Liberace!
Alison est mignonne, autonome, fait la cuisine tandis que ses parents grignotent des gâteaux au cannabis et sortent tous les soirs. Le climat se durcit lorsque son grand frère, qu'on improvise baby-sitter, la viole consciencieusement durant ses années de grande enfance. Mais Alison garde le masque de l'équilibre. Le grand-frère dégage enfin pour aller squatter les taudis où il pourra acheter sa dope quotidienne, et Alison, enfant-actrice, est alors engagée pour jouer le rôle de Nellie Oleson : elle va pouvoir y jeter tout son mal être, tout ce qu'elle ne peut exprimer... Nellie sera sa face cachée, sa bouée de sauvetage - sa vengeance. Alison Arngrim décrit ses traumatismes d'un ton poli, presque suranné. Elle ne s'étend pas sur ses calvaires, elle les susurre d'une petite voix plate et inquiétante. Heureusement, l'enfant qui travestit ses sourires en grimaces (ou l'inverse) arrivera à s'en sortir. Des enfances faussement dorées, des gamins exploités sous les (rudes) sunlights des plateaux de cinéma... ce livre nous apprend combien il n'est pas toujours bon de cacher ses œdèmes, mais aussi à quel point le sens de la maîtrise peut sauver.
Alison Arngrim dépasse les constats, et renait avec une gaieté toujours renouvelée. Pour cet optimisme qui n'a rien de béat, grâces lui soient rendues...
Baisers de la pine'up très sensible aux êtres qui arrivent à avoir un pouvoir sur leurs chagrins. Calmement, sans banaliser, ni dramatiser. Alison a évité le pathos qui guette celles et ceux dont les secrets sont lourds à porter
Son témoignage a dû en aider plus d'un(e).
Un ps à Patrick Loubatière, agent français d'Alison : dites-lui, s'il vous plait, combien son alacrité m'a touchée.
Je n'ai jamais entendu parler de Nellie machin, c'est grave docteur ?
Rédigé par : Le Nain | 27 juin 2011 à 08:49
Vous appartenez bien à la famille des ursidés (sans aucune critique de ma part)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 27 juin 2011 à 17:33
C'est mon surnom dans la famille. En faux latin, le nunursus cavernus. Vous n'êtes donc pas la première à vous en rendre compte.
Rédigé par : Le Nain | 27 juin 2011 à 17:50
vous semblez toutefois appartenir à la catégorie des ursidés volontaires (catégorie sympathique), pas à celle des destructeurs qu'on fuit comme la vérole
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 27 juin 2011 à 17:53
vous allez aimer alors 3rien de s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan. Plongez!
Rédigé par : anne | 05 janvier 2012 à 18:16
J'en suis sûre. je le réserve (encore deux livres d'avance), mais je sais que je vais être très émue.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 05 janvier 2012 à 18:43
En tout cas abusée ou pas c'est le lot de bien des enfants et c'est possible elle a été une excellente Nellie oleson et bien meilleure actrice que Melissa Gilbert alias Laura ingalls enfant déja et même ensuite..elle jouait le rôle de nellie a la perfection et il faut du talent pour jouer une gamine odieuse.Chapeau Miss Alison Arngrim!je la trouve formidable ,elle a l'air marrante et bien plus sympa que Melissa gilbert..restez vous même alison!
Rédigé par : severine | 05 mars 2017 à 00:34