Le salopard! L'immonde! Steve Hely a écrit LE livre que j'aurais adoré imaginer puis rédiger.
Élu meilleur roman de l'année par le Washington Post, Comment je suis devenu un écrivain célèbre (éd Sonatine) a tout pour plaire : intrigue qui ne faiblit jamais et qui va même crescendo, logique impec, feu d'artifice d'adjectifs hilarants, mise à mort du milieu éditorial dans les règles de l'art (je suis certaine qu'en France, ce portrait à l'acide aurait galéré avant d'être publié).
Pitch : un jeune homme, mortifié à l'annonce par mail du mariage de son ex petite amie, décide d'écrire un roman à succès. Va-t-il réussir...
Hely entremêle cynisme et sentiments de la plus extraordinaire des façons :il est malin quand il le faut, désarmant là on ne l'attend plus.
Je me délecte de ce genre de description (le narrateur parlant de son coloc) : les cheveux d'Hobart ressemblaient à un nid fait par un oiseau incompétent.
Quand à l'aspect de son éditeur potentiel, il m'a furieusement rappelé l'allure d'un cacique sévissant chez Plon : Il était plus vieux que nous, maniéré et lessivé. Il avait l'air d'un elfe qui vient de vivre un divorce douloureux.
UN LIVRE, UN ROMAN à emporter dans sa besace pour l'été : celui-ci (plus le mien)
Baisers de la pine'up qui va commencer le kitschissime témoignage de Nelly Olson, Une garce dans la prairie histoire de se remettre lentement d'un plaisir presque douloureux (suis carrément jalouse de Steve Hely). Impossible de s'atteler à un ouvrage de la même trempe littéraire: le ou la malheureuse qui succède à ce livre n'a aucune chance d'exister.
ps: admirez mon inconscience... celle de vanter un autre auteur que mézigue.
pps: un bravo envieux à Héloïse Esquié, la traductrice de cet OVNI contemporain qui arrive pile poil à l'heure H et réussit le tour de force de décrire aussi bien un milieu confiné qu'une époque compliquée.
Héloïse a le bel art !...
Rédigé par : Dominique | 22 juin 2011 à 21:03
Hinhin... blague à part je suis certaine que tu vas adorer ce bouquin
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 juin 2011 à 21:17
Qui est-ce qui-est traductrice ?
Rédigé par : Dominique | 22 juin 2011 à 21:43
Dominique, je ne sais pas à quoi tu carbures en ce moment (la fischer ?) ou si tu fumes la moquette, mais je te trouve bien inspiré dans tes commentaires sur les blogs de nos amis (cf. Lenonce, il fallait l'oser !)
Rédigé par : Caritate | 22 juin 2011 à 23:07
Je suis en train de lire un truc absolument génial, où j'apprends une foule de choses: Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation, XIIe-XIXe siècle. Jean-Marc Moriceau chez Fayard.
Rédigé par : Le Nain | 23 juin 2011 à 08:57
Merci Le Nain. je note la référence. Une inquiétude : souvent, les essais historiques ou sociologiques ne sont pas très bien écrits. ils manquent de rythme et sont très plats dans leurs descriptions. Ils sont parsemés de termes rares et hermétiques. Moriceau a-t-il, lui, un joli style, un bon sens narratif?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 juin 2011 à 10:42
C'est très technique avec de jolis tableaux en couleurs et plein de camemberts. Ce n'est pas narratif, ce n'est pas très linéaire, mais c'est bien écrit par un ancien de Normale et titulaire d'une chaire à l'université de Caen. Il vient de sortir L'homme contre le loup, une guerre de deux mille ans. Les deux sont chez Fayard, le premier de 2002, le second de cette année.
Après, j'attaque une histoire de l'enfance en Occident de l'antiquité au XVIIème siècle (Points-Seuil)
Rédigé par : Le Nain | 23 juin 2011 à 12:09
je suis allée voir sur internet la biographie de Mr Moriceau. Il semble être un spécialiste de la question paysanne. J'avoue que je ne le connaissais pas. J'aime beaucoup les ouvrages historiques, à un bémol : à part Zweig et plus modestement Moustiers, j'ai souvent été déçue par le rythme des récits historiques. Soit le travail d'archive est posé sans construction ni effort de style (façon pavé de thésard), soit c'est très, très mal écrit (genre Teulé, qui me consterne). Et Normale sup est certes un gage de bonne syntaxe, mais pas forcément de talent dans la narration (talent que je privilégie face à la technique). L'homme contre le loup m'intéresse pourtant...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 juin 2011 à 15:50
Ce qui m'intéresse, c'est le travail de synthèse à partir des archives, il faut que je comprenne ce qui se passait dans la tête des gens, comment ils vivaient, comment ils évoluaient. Il y a belle lurette que l'histoire évènementielle m'ennuie, même si elle est indispensable pour la compréhension des temps étudiés. C'est donc pour dire que je ne recherche pas le style, même si je l'apprécie.
Teulé est autant historien que moi curé en Cochinchine, son Charly 9 est une horreur, on croirait lire un récit des temps mérovingiens, et pour cela, j'aime mieux Grégoire de Tours. Zweig est un incorrigible romantique, mais j'ai son Marie Stuart et son Marie-Antoinette dans ma bibliothèque.
Rédigé par : Le Nain | 23 juin 2011 à 17:01
Je suis sans doute une incorrigible romantique qui aime bcp, de Zweig, son Magellan.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 juin 2011 à 17:35
Si sieur Moriceau est de Caen, c'est logique qu'il y est plein de camemberts dans son ouvrage !...
Rédigé par : Dominique | 23 juin 2011 à 18:23
Oups, "... qu'il y ait ..."
Faut que j'arrête le Calva, sous les 40° de Ouagadougou cela n'arrange pas la maîtrise du français !...
Rédigé par : Dominique | 23 juin 2011 à 18:25
@ Caritate: j'aimerais bien garburer au Bellocq, Jurançon,Madiran ou autre Pacherenc de Vic-Bilh, hélas foin de ces nectars ici...
Bon pour chez Lenonce j'avoue que c'était un p(n)eu gonflé, mais je peux plus l'effacer !
Rédigé par : Dominique | 23 juin 2011 à 18:42
Milieu confiné et époque compliquée: vaut-il mieux un con piné qu'un con fliqué ?
Rédigé par : Dominique | 23 juin 2011 à 19:47