Ce qui caractérise les salons du livre est l'incroyable facilité des écrivains à se livrer sous couvert de bavardage. Voyages en train, déplacements en car, places dans les stands, ripailles de conseils régionaux - tout est bon pour l'ouvrir. L'écrivain se livre avec une honnêteté confondante et je ne fais pas exception à la règle. Peut-être est-on particulièrement vulnérable quand on prend tous les risques pour réaliser son rêve. Or un livre, c'est un rêve abouti.
- Tu as de la chance d'avoir été publiée...
Comme mon amie Bernadette Pecassou je crois que cela n'a rien à voir avec la chance: la publication d'un ouvrage est le fruit d'une volonté, d'un talent ou même d'une erreur. Mais pas d'une chance.
La foire de Saint-Louis est gigantesque, posée dans une ville très curieuse: nous sommes au pays des trois frontières: traversez la rue et vous êtes en Allemagne. Au prochain carrefour vous posez le pied en Suisse. Saint-Louis ressemble d'ailleurs plus à une extension de Bâle qu'à un village alsacien. L'emploi y est frontalier.
Je ne vous bassinerai pas avec un descriptif minutieux du déroulement de ce salon - les salons se ressemblent tous. Un compliment toutefois: l'Alsacien n'est pas farouche, il est curieux et volontiers causeur. Je laisse mon regard se balader entre les signatures et j'admire les gens qui viennent nous voir. Moi, au bout d'un quart d'heure d'exercice je ne peux plus supporter le moindre bouquin. Trop de livres tue le livre et je me demande toujours ce qui pousse une personne à choisir le mien. Le plus touchant : notre application à nous, auteurs, à mettre en scène notre sincérité. Devant un auditoire notre intégrité se caricature, mais entre nous elle laisse échapper ses béances. Nous écrivons tous face à une urgence intime, une tristesse, un drame. Cette faille, nous la reconnaissons chez l'autre et nous la validons. Parfois j'ai la sensation d'être dans un salon de nudistes. C'est à qui se dévoilera le mieux. L'écrivain à fuir - désolée, ce sont souvent des hommes: celui qui est en boucle sur SON sujet et qui vous gonfle avec SON univers dans lequel vous n'avez aucune place. Vous êtes alors le miroir grossissant de son ambition ou de ses idéaux ratés.
Soyons honnête : nous appartenons tous à la famille des égocentriques et je ne suis pas certaine d'avoir de vrais amis dans la profession. Mais égocentrisme, à la différence d'égoïsme, n'exclue pas générosité. Les femmes sont plus observatrices, plus accoucheuses, elles ouvrent les angles du dialogue. Les hommes sont souvent uniquement dans le combat - ils la jouent perso, exclusif.
Ne parlons pas (hein Bernadette) de ceux qui nous énervent. Mais des parenthèses enchantées qu'il faut prendre comme des moments hors du temps. Ma moisson du weekend : la Pecassou que je croise depuis quelques années déjà dans les salons de France et dont j'adore la vista . Discussion passionnante avec elle sur le rôle de la beauté dans l'art. Elle serait parfaite pour animer une émission tv - elle sait faire partager ses analyses sans être verbeuse ou tape à l'oeil. Elle me protège à sa façon. Tes conseils, je les ai bien entregistrés. Merci.
A la libellule Blanche de Richemont : toi, tu sais te défendre en dépit d'une silhouette gracile sur laquelle tous les hommes se retournent. On peut se noyer dans tes yeux, mais tu ne te perdras pas dans ceux des autres. A bientôt, fine écrivain.
A Alain Jessua dont j'aime la cohérence du parcours cinématographique : de Traitement de choc à Paradis pour tous, Jessua a exploré les mécanismes cérébraux (dépression, folie) pour en tirer des films dérangeants sans être totalement pessimistes. Sa vision de la dépression, perçue comme un signe de bonne santé mentale (Paradis pour tous) m'a bcp marquée. Et un homme qui vénère Simenon est mon ami...
Clin d'oeil à mon voisin de stand, Gilles Laporte, dont je me souviens d'un échange au sujet de nos enfants. Quand un homme parle de sa fille de manière aussi simple et aussi aimante, on peut dire que c'est un bel homme.
Enfin, aux 4 h de train du retour en compagnie d'Olivier Nuc : un nouveau pote est né.
Non, tous les hommes ne sont pas ramenards. Ceux que je cite échappent à la loi du genre. Quant à la star qui a trépigné pour avoir SA voiture avec chauffeur - pas question de se frayer aux autres dans le bus - le principe ne me choque pas; quand on amène du monde et qu'on est populaire, oui, on a droit de demander des privilèges. Tout effort mérite salaire, toute popularité supérieure à la moyenne justifie traitement de faveur. Mais quand on se répand à longueur de télé pour un monde plus égalitaire en se posant en Robespierre on joue le jeu et on la boucle.
Baisers d'une pine'up qui aime faire rire les autres (hein Bernadette). Se moquer, oui. mais uniquement de ceux qui sont déplaisants, qui confondent savoir et intelligence. PAS DES FRAGILES NI DES RIDICULES.
Eric?
Rédigé par : Fredouat | 09 mai 2011 à 17:28
Pas que je sache...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 09 mai 2011 à 19:29
Je trouverai cette star qui se la raconte que tu évoques... ;)
Rédigé par : Fredouat | 09 mai 2011 à 20:09