Un twittos insolent a ironisé vendredi dernier sur mon annonce à la participation au salon du livre de Cosne : "Tu devrais écrire un guide de tourisme sur les sous-préfectures de France". Je retiens l'idée.
Train. Auteurs. Discussions fébriles dans le compartiment. DSK à toutes les sauces. Arrivée. Stand. Place. Suis à côté de... Jean-Pierre Marielle en compagnie de sa femme, Agathe.
Comment est-il? Ou plutôt comment sont-ils?, tant le couple est indissociable. Elle est vive, possède un maintien de danseuse, une crinière flamboyante, une grande bouche souriante. Il a la coquetterie de ceux qui refusent le laisser-aller, le regard pervenche, et cette voix, inimitable... Il est GENTIL. Elle aussi. Elle le protège, il la vénère. Aucun caprice, aucune morgue dans le couple. Plutôt une tenue bienveillante, une politesse sans cabotinage. Il signe et accueille sans broncher les demandes les plus incongrues, comme celle de cette lectrice en larmes: "Pouvez-vous me dédicacer votre livre à l'attention de Robert? C'était mon père. Il est mort il y a un an, mais vous me faites penser à lui."
Il éclate de rire lorsqu'une femme passe et grince : "Marielle... c'est qui, ça?" "Valérie, ce genre de phrase est merveilleux! J'ai réussi ma journée." Je lui rends son rire en pensant à tel acteur balançant un pain à un type qui lui avait demandé : "A qui ai-je l'honneur?"(salon du livre de...).
Viens voir les comédiens, ils arrivent... et ne se ressemblent pas. Marielle, c'est du lourd: le marquis de Pontcallec, le tonnant Clérambard a l'œil qui frise et la voix maitrisée. Une bonté, c't homme-là.
A propos de couple et de bonté, je retrouve avec émotion celui de ma jeunesse : Sylvie et Guillaume sont au rendez-vous. Je n'avais pas revu Guillaume depuis 30 ans... On a le droit d'être émus ? Oui. Je délaisse le chapiteau pour leur invitation à dîner au Bistrot d'Anatole (meilleure daurade royale de ma vie et Sancerre ad hoc). 30 ans à combler, une vie à se raconter, à évoquer les joies et surtout les drames puisque le bonheur ne se raconte pas. Il se vit. J'ai promis de revenir avec Ingalls dont c'est aujourd'hui l'anniversaire. Les couples qui tiennent me bouleversent.
Samedi fin de journée. J'ai acheté le somptueux livre de mon autre voisin, Patrick Niedo. Un trésor de cinéphile qui père quatre tonnes. On s'enflamme dans des discussions sur le génie modeste de Gene Kelly ou d'Oscar Hammerstein, échanges sur les Producers et autres merveilles. Je ne pourrai pas vivre sans cinéma. Sans musique, peut-être. Mais pas sans cinéma.
Et maintenant mesdames-messieurs, place au dîner du samedi soir à Cosne-sur-Loire. A ma table, Éliane, l'attachée de presse qui nous cornaque, fédératrice indulgente aux caprices des uns et des autres. Autour d'elle, son troupeau. Parmi la meute, un outsider de choix : Michel Hidalgo. Aux footeux sur ce blog: voulez-vous voir une IMAGE EN OR?
Explication: Hubert Artus, auteur du très bon DonQuifoot (j'en reparlerai) a ouvert son Iphone à la 60e minute de jeu (moment du dessert chez nous) pour suivre la fin du match Barcelone -Manchester. Fin de match commenté par Hidalgo lui-même, et florilège de phrases dans les temps additionnels :
- Que serait Barcelone sans Messi ?
- Oui, mais il y a Iniesta qui le sert bien
- Une bonne équipe, c'est une tête d'affiche avant tout.
Longue explication sur le football total hérité des Hollandais => se reporter à l'anthologie d'Artus au sujet de Johan Cruyff (p. 103) pour constater les métissages entre Bataves et Catalans. Si j'ai bien saisi, le défenseur espagnol qui jouait à l'époque où Cruyff dirigeait le Barça est devenu l'actuel entraîneur. C'est bon, Hubert, c'est ça, nom d'un Guardiola?
Suite de la discute :
- J'aime quand les Anglais perdent.
- Moi aussi. Surtout chez eux.
- Quel est pour toi la "tête d'affiche", le plus doué des joueurs de l'équipe de France actuelle?
- Ribéry.
- Et Gourcuff ?
- Il baisse un peu en ce moment et de toute façon, il n'est pas encore à un tel niveau.
Fin de ces dialogues entre Hidalgo, Artus et mézigue. Merci à papa de m'avoir traînée enfant au parc des princes et appris que Beckenbauer n'est pas le nom d'une entreprise qui fabrique des perceuses. Grâce à toi, papa, je tutoie désormais Michel.
Hidalgo a d'ailleurs un patronyme taillé comme un gant : il est sec, fier et précis. Une belle carrure d'homme qui a tout vu, mais qui a très bien compris que rien ne vaut le silence pour se faire respecter. Je parie que Michel fait lui-même son lit chaque matin.
Une dernière pour la route : "Il existe une prédilection masochiste des Français pour deux exercices dans lesquels ils se révèlent malchanceux : la guerre et le football."
"Cartes et territoires" tu es aussi à l'aise dans la Psychologie de couple que dans le Tourisme régional, Les magazines Cinéma, et tout ce qui touche au foot ! Bravo....N'est pas à Cosne qui veut !
Rédigé par : Gérard27 | 30 mai 2011 à 14:10
Ha ha ! La phrase exacte, Valérie, était "Jean-Pierre Marielle ? Kek sek ça ?"...
Ravi de ce dimanche de dédicace partagé avec toi.
Rédigé par : Chris Flamand | 30 mai 2011 à 14:23
Et attends pour ta bd, Chris : je n'ai pas dit mon dernier mot !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2011 à 14:32
Merci pour tout le bonheur que tu nous a apporté ce week-end Valérie.
Tu seras toujours la bienvenue ainsi qu'Ingalls que nous avons hâte de rencontrer.
Souhaite lui un bon anniversaire de ma part.
Bises.
Rédigé par : Guillaume | 30 mai 2011 à 16:08
Cher Guillaume, j'embrasse mon homme ce soir: son cadeau d'anniv est le concert d'Al Di Meola (il adore, je déteste). Pour les "remontées capillaires" , je l'ai briefé et il répond présent! Kisses and love à toute la famille et j'espère qu'Alexandre n'a plus de fièvre. Dis aussi à Clémence de lire "Tante Mame" et "L'ange et le réservoir de liquide à frein". ça devrait lui plaire
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2011 à 16:15
Nous avons gagné quelques guerres quand même. Pour le foot, je ne sais pas.
Rédigé par : Le Nain | 30 mai 2011 à 18:02
Autre phrase que j'aime bien : "Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, la haine des autres" (à la guerre comme au foot)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2011 à 18:52
Valérie, pour les couples qui durent (ce qui doit suppposer de battre sa coulpe de temps à autres), rappelle toi cette phrase de Danny de Vito en avocat dans "La guerre des Roses": "Mes parents sont mariés depuis X* années, et toutes ne furent pas mauvaises !..."
(*: je ne me souviens plus le nombre d'années de al réplique, mais je suppose que c'était quelques dizaines)
Rédigé par : Dominique | 30 mai 2011 à 20:29
@dominique : j'adopte cette litote
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2011 à 23:53
Bah, plus on vieillit, moins il y a de conflits. Nous allons attaquer la 34ème année, c'est bien parti pour aller jusqu'au bout....
Rédigé par : Le Nain | 31 mai 2011 à 09:54
je ne crains pas les conflits sauf dans la vie à deux : là, ils sont capables de me détruire. Mais vous avez raison de dire qu'on change car adolescente, les disputes avec mon petit ami de l'époque ne me gênaient pas trop. Bizarre
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 31 mai 2011 à 10:23
je pense le contraire plus on vieillit plus il y a de conflits.Mais l'amour efface tout !
Rédigé par : Elibéran | 31 mai 2011 à 17:56
Et moué je trouve que la vie est si compliquée, si agressive que le couple, ça doit être un voile de mousseline !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 31 mai 2011 à 23:11
un voile transparent qui recouvre et glisse sur la vie de couple si fragile.
o sol mio...
♫.•♫ ♫.♫.•
t'entends les violons ?
Rédigé par : Elibéran | 01 juin 2011 à 08:03
"But à Cosne sur Loire" ou "Boire à Losne sur Cu(t)" ?
Losne étant aussi une localité ...
Rédigé par : Dominique | 02 juin 2011 à 17:47
N'ayant qu'un droit très limité à l'alcool (antiépileptiques obligent), le Sancerrois fut une épreuve...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 02 juin 2011 à 18:06