Selon un magazine anglais dont je tairai le nom, il faut tj avoir un mari et un amant. Ma vertu étant ce qu'elle est et Ingalls parti en vadrouille durant 3 jours, je crois que je vais le tromper avec George Sanders.
- George qui ?
- T'inquiètes, il est mort.
Petit récapitulatif sur l'acteur à la voix la plus moelleuse de tous les temps, au timbre à la musicalité british consommée.
Et pourtant : Sanders n'était pas anglais mais russe. Il garda sa vie durant une mélancolie paresseuse et passéiste, slave jusqu'au bout de sa vodka. A 10 ans, il quitte le pays, révolution oblige. la famille émigre à Londres, George intègre des collèges mornes et glauques et décide de devenir comédien par flemme. Quand on lui demandait son occupation favorite, il répondait : "dormir". Sanders parlait au moins 4 langues couramment, possédait le génie des maths qu'il a longtemps exercé pour payer moins d'impôts, et était capable de dessiner les plans de sa maison puis de fabriquer ses meubles. Il aimait les femmes et rester allongé. Il se suicida languissamment à 65 ans (Nembutal+vodka), laissant une lettre qui fut copiée des années plus tard par Romain Gary. Il a tourné sans s'arrêter, navets ou chefs d'œuvres ; il s'en foutait. Pendant la seconde guerre, aux comédiens anglais qui lui reprochaient de ne pas se bouger pour honorer l'effort de guerre, il rétorqua : "c'est parce que je suis une merde".
Nice, George. And fully immorally...
Florilège de ses aphorismes :
"Je sors invariablement du zoo avec la conviction que l'homme est la plus laide de toutes les créatures - à l'exception peut-être de la hyène et du phacochère".
Au sujet de sa 2e épouse (la première fut quittée car "trop ennuyeuse"), la pétulante Zsa Zsa Gabor : "Zsa Zsa est peut-être la femme la plus incomprise de notre temps. Elle est incomprise car elle est candide. Elle ne dissimule pas son amour des idylles ou des bijoux ou de quoi que ce soit d'autre car son caractère est pur. Elle est cent pour cent garantie d'origine. Un isotope de la féminité. Le masque de la bonne conduite étudiée n'est pas pour elle. Ne portent un masque que les gens qui désirent se protéger des assauts de la vie publique, ou ont besoin d'un éclat fabriqué pour camoufler un intérieur plus bovin. Zsa Zsa est trop subjective pour l'un et Dieu sait qu'elle n'a pas besoin de l'autre. Je pense que ce type de femme est intrinsèquement une pure merveille, qui ne mérite pas le traitement quelque peu méprisant dont elle fait souvent l'objet, cela simplement du fait qu'elle ne cadre pas avec le modèle domestique, lequel ne convient à peu près à personne, bien qu'il soit toléré par la plupart. D'ailleurs, la véritable FEMME FATALE, c'est la modeste, la dévouée - la soi-disant parfaite épouse. Si vous rentrez tard, elle ne vous fera pas de scène : au contraire, avec les yeux baissés et un sourire de Mona Lisa, elle vous embrassera doucement sur le front et vous fera sentir comme un assassin".
C'est beau comme du Coward.
"Une femme qui vaut vraiment la peine n'est pas nécessairement bonne, intelligente ou vertueuse. C'est celle qui VOUS FERA DU BIEN".
George arrivera à ce nirvana avec sa 3e épouse, Benita Hume,
tout en précisant :"si l'on me demandait d'exprimer une opinion sur les attributs féminins les plus désastreux - et Dieu sait qu'on aurait un vaste choix à ce sujet -, je dirais que ceux qui m'ont causé le plus d'exaspération et d'angoisse, sont, un : le fait qu'elle sont irrésistibles et deux : qu'elles sont irremplaçables."
Sa biographie: "mémoires d'une fripouille"
est garantie sommet du fiel. George n'est jamais grossier : il est infect avec élégance. Lisez donc le passage hilarant sur son voyage au Japon, je suis poire mais pas au point de le recopier.
Films à ne pas manquer : voyage en Italie (Rossellini), l'aventure de mrs Muir (Manckiewicz), Moonfleet (Lang), le village des damnés (Rilla)
Scandal in paris ( Sirk, plus dur à trouver mais petit bijou ds lequel Sanders campe un François Vidocq parfait, oubliez Brasseur et Auteuil).
Je mets à part "All about Eve" car je trouve ce film bavard un peu surestimé (pardon Manckiewicz mais vous avez fait mieux, notamment "chaînes conjugales").
Interview sandersien (qui haïssait les journalistes) :
- Aimez-vous les enfants ?
- Je ne peux pas sacquer ces petits morveux braillards (il n'en eut aucun, thanks God)
- Avez-vous aimé jouer dans un film ?
- Non.
- De nos jours, peut-être, mais à l'époque, vous avez dû prendre du plaisir ?
- Je pense que TOUT le plaisir a disparu de TOUT mais je ne suis pas qualifié pour parler des films. je hais le cinéma et je hais le théâtre.
- Chantez-vous sous la douche ? (Sanders avait une splendide voix de baryton et aurait pu être chanteur d'opéra)
- Non. Je suis en train de mourir, par conséquent je ne chante ni à la maison ni ailleurs. "
Le tout énoncé de sa voix traînante de Shere khan qu'il doubla ds la version US, inimitable...
et un petit dernier pour la route :
Prends-moi, George !
Baisers d'une pine'up très "I made a dream..."
- allo, Ingalls, bien arrivé ?
Le magazine, c'est Cosmopolitan ?
Caritate t'a contaminé !...
Rédigé par : Dominique | 27 août 2010 à 21:32
Cherche encore, indeed
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 27 août 2010 à 21:48
Ce n'est pas All about Eve qui est surestimé, c'est Chaines conjugales qui n'est pas reconnu à sa juste (et très grande) valeur.
(L'ayant revu récemment, je me faisais d'ailleurs la réflexion que Desperate Housewife avait pris à ce film son intro et une bonne part de son essence ; ce double emprunt regroupant peut-être les principales qualités de la série, d'ailleurs.)
Pour l'anecdote, j'ai découvert George Sanders dans Le Portrait de Dorian Gray de Lewin ; pas un chef d'œuvre mais sans doute l'univers dont il semblait le plus naturellement sortir.
Rédigé par : aymeric | 28 août 2010 à 02:21
Il est également très bon dans Madame Muir : très beau film mais qui à la énième vision est tout de même gâché par l'insupportable R.Harrison.
Rédigé par : P/Z | 28 août 2010 à 11:15
Suis tt à fait d'accord avec P/Z : j'ai adoré mrs Muir pour les longs plans sur la plage, qui auraient pu être fades et qui ne le sont pas, pour la musique envoûtante de Bernard Herrmann et pour "la" Tierney et Sanders. Mais moi aussi, à la énième redif' j'ai eu envie d'étrangler Harrison
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 28 août 2010 à 11:29
Cher Aymeric, je persiste pour "Eve", little evil... Oui, c'est très bon ; mais c'est presque TROP écrit et cela donne au film quelque chose de figé, de limité alors que les acteurs sont touts éblouissants même si Davis cabotine à mort (c'est ce qu'on lui demande, heureusement). je préfère Chaînes conjugales qui, oui, est l'essence de desperate - y compris la voix off. Linda Darnell, sa beauté ravageuse... Si j'étais un homme, j'en serais devenu dingue (remarque, c'était la maîtresse de Manckiewicz)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 28 août 2010 à 11:35
Je suis assez d'accord avec Valérie sur Eve. Au fond ce qu'il y a de plus beau, ce sont les plans du début (l'apparition) et les plans finaux (la substitution).
Mais, il se peut que le Eve totalement réussi ce soit Mulholland Drive !
Rédigé par : P/Z | 28 août 2010 à 21:55
Je ne connaissais pas.
Je me reconnais dans plusieurs des aspects que tu donnes du personnage.
Il a doublé Shere Khan, méchant classieux et imposant de mon Disney préféré.
...
Je vais donc rattrapper mon retard à son sujet. Grosse découverte à venir je sens.
Rédigé par : Fredouat | 29 août 2010 à 02:49
Trop cinéphile pour moi, cette discussion... On sent les spécialistes. So impressed!
Rédigé par : Herve Resse | 29 août 2010 à 12:57
Fais pas le mariole, Dude, ton heure arrive. Mais je te filerai "a scandal in Paris" (prêt, j'y tiens bcp) car si tu aimes Herrand en Lacenaire, alors Vidocq à la sauce Sanders te ravira (cruauté, lucidité, alacrité).
Pour Fred, Sanders est génial ds tous ses films mais je pense que ton côté surdoué adorera "la village des Damnés"('tention, la version 1960 de Rilla, pas celle de Carpenter)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 29 août 2010 à 14:10
Les enfants du paradis, c'est très mauvais non ?
Rédigé par : P/Z | 29 août 2010 à 19:06
P/Z : vous n'avez pas aimé "Les enfants du Paradis"? Moi, j'ai adoré ce parcours croisé de plusieurs personnages, rêveurs ou somnambules, qui traversent la réalité sur la pointe des pieds et parfois même qq centimètres au dessus du sol. Chacun des principaux acteurs trouve ds son personnage des échos profonds de lui-même (religion de l'indépendance chez Arletty, fascination du silence chez Jean-Louis Barrault,dandysme morbide chez Herrand et Louis Salou)...ah, ces acteurs magnifiques. Souvenirs de chef d'œuvres, pèle-mêle : La règle du jeu, la Grande illusion, la fin du jour,Ils étaient neuf célibataires, Le carrosse d'or, la Poison, Edouard et Caroline, Casque d'or, le petit monde de Don Camillo, et "les enfants..."
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 29 août 2010 à 19:25
Marrant, au moment où j'ai lu surdoué, j'ai regardé derrière moi, comme si tu parlais de quelqu'un d'autre...
Moi, surdoué, c'te blague!
Rédigé par : fredouat | 30 août 2010 à 11:26
Fred, c'est ton côté ENS qui m'impressionne
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 août 2010 à 11:40
Pourtant je ne l'ai pas faite...
Je pense, sans fausse-modestie, que tu te fais une image de moi bien trop flatteuse! :)
Encore une des limites des échanges scripturaux: ils peuvent sublimer l'image d'une personne qui ne le mérite pas, en ne laissant transparaître que le meilleur...
là où de vrais esprits fins et profonds n'arriveront pas à se mettre à leur avantage.
PS: petite digression, je suis le seul à trouver que Shere Khan est l'incarnation même du mal/mâle charismatique telle qu'on peut la retrouver dans d'autres grandes oeuvres épiques du cinéma comme le seigneur des anneaux, la guerre des étoiles, Dracula (celui avec Christopher Lee)...
Ce mal qui nous laisse admiratif uniquement parce qu'il le porte avec classe.
Rédigé par : fredouat | 30 août 2010 à 12:15
Moi, j'aime les méchants classieux que tu cites surtout parce qu'ils n'existent pas !
Sinon quoi, comment, tu n'es pas normalien ? et ce 16 en philo, si je ne m'abuse ?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 août 2010 à 12:21
Une seule bonne note à ce concours ne signifie rien...
La preuve, j'ai fini en ESC juste après ma prépa, où j'ai bousillé tout ce qu'il me restait de curiosité intellectuelle.
C'est d'ailleurs pour ça que je vous remercie régulièrement Hervé et toi de réveiller cette curiosité que je croyais enterrée.
Rédigé par : fredouat | 30 août 2010 à 12:34