En voilà une qui m'intrigue ! et que je suis depuis ses premiers papelards dans ELLE.
Elle n'avait pas une tronche à écrire dans un magazine féminin, mais alors, pas du tout (voir le trombinoscope de ELLE, botox à tous les étages et coupes Jane Fonda dans "Klute" ou crinières laquées). Ne la confondez pas, par pitié, avec l'autre Alix : rien à voir. AGA est une très bonne journaliste mais une piètre écrivain (attention AGA, tu es en train de te momifier en Nadine de Rothschild) tandis que la Saint-André a au moins deux excellents romans sur les 6 opus à son actif.
Son premier : coup de maître, L 'ange et le réservoir de liquide à freins.
Un polar. Et d'emblée dans la collection "Fleuve noir", champagne.
Je le conseille vivement à Cath et à Gilles Barthélémy : son talent et sa personnalité écartelée entre rectitude et folie éclatent dès les premières pages. Histoires d'assassinat de bonnes sœurs dans un pensionnat du Maine et Loire, héroïne bretonne, délectable. Humour, colère, justesse, atmosphère baroque, du style, de la branche, tout y est.
Auteur fascinée par les créatures célestes, ses Archives des anges
sont pour mon amie Caritate.
Également à conseiller : son plus beau livre, mon préféré : "Ma nanie", l'équivalent du "livre de ma mère" version ancillaire. Une des plus poignantes déclarations d'amour à celle qui l'a vue grandir.
Oui, j'aime Alix de Saint-André.
J'aime cette femme drôle comme une perdue peut l'être, j'aime son grand écart entre la fille de militaire droite dans ses bottes qui s'écroule dans l'alcool-clopes pour se relever, dans un difficile équilibre entre séquelles d'une éducation d'autrefois et voracité contemporaine.
J'aime qu'elle se fiche de son physique, de ses cheveux, de ses fringues, dans cette époque où les gamines sont habillées en putes et où leurs mères leur emboîtent allègrement le pas.
J'aime aussi son nom qui fleure le gaullisme et la résistance.
Elle a également clamé son amour pour Malraux (Papa est au panthéon) là, j'ai moins accroché (je ne suis pas malrucienne, je suis hermétique au style incantatoire mais sa passion est cohérente : Saint-André est une lyrique).
Alors, son petit dernier, "En avant, route ! ", que vaut-il ?
A nuancer. Alix y narre ses aventures sur les chemins de Compostelle. Elle a pérégriné par trois fois sur les routes et nous raconte ses différentes expériences : la trilogie est inégale et la première partie du récit est de loin la meilleure. Alix y témoigne avec talent et sincérité des deux mamelles qui la composent : une quête d'absolu doublée d'une révolte continuelle. Saint André ? on l'imagine ainsi, se battant de l'intérieur
J'aime le passage où elle décide d'arrêter de fumer : " quand on a fumé au moins trois bureaux de tabac, arrêter flanque le vertige. C'est une aventure étrange. Depuis le lycée, l'une après l'autre, du lever au coucher mes cigarettes étaient l'air que je respirais, le voile qui me cachait, le feu où je rôtissais mon angoisse, l'ouvrage qui occupait mes mains, le bijou qui décorait mes doigts ; une partie de moi-même."
Au troisième périple, ça se gâte un peu : on en a assez des descriptions d'ampoules sur les pieds des pèlerins et la bande de pieds nickelés, qu'elle appelle affectueusement "ses sept maris" manque de chair. Ou plus exactement, notre Alix devient un peu "vierge folle" et s'enivre d'un tel compagnonnage, parlant de ses sentiments envers ces bonshommes en oubliant de les camper. Du coup on tourne en rond et le récit s'enlise dans une exaltation humaniste, oscillant entre "j'aime, j'aime pas", perdant ce que le récit avait d'émouvant dans sa première moitié. Peut-être qu'Alix est plus à son aise avec l'amitié féminine car on se désintéresse assez vite des Santo-Paco-Ricardo and co.
Livre à recommander toutefois, avec la réserve d'une fin décevante ( je suis sûre qu'elle-même en avait marre à la 200e page).
Mais pour "ma Nanie", pour "il n' y a pas de grandes personnes" et bien sur "l'ange et le réservoir de liquide à frein", une Saint-André, c'est le Graal. Un Graal Monty Pythons.
Baisers d'une Pine'up pas encore reconvertie au catholicisme, mais sur la bonne voie
Bonjour, ainsi toutes les filles de militaire ne finissent pas comme Marie-Ségolène ...
Rédigé par : Dominique | 29 avril 2010 à 13:50
Et bien Dominique, je peux te le confier (je suis sur mon blog, tt de même, comme dirait notre ami Resse), je suis moins sévère que Grincheux ou Resse concernant la Marie-Ségo :
si sa voix m'insupporte, ce n'est pas de sa faute ! Non, le côté à mon sens rédhibitoire de la dame serait son manque total d'humour (mais elle n'est pas la seule dans sa paroisse). Et si nous ne prions pas de la même façon, je lui reconnais un courage qui m'épate. La tribu des blogueurs "historiques" que nous suivons nommerait ce courage "inconséquence", je la trouve tt de même assez solide avec ce qu'elle s'est mangé ds la tronche ! Donc, je suis en désaccord avec elle sur quasiment tous les points mais qu'elle reste encore debout ne manque pas de panache. (je sens que je vais perdre des points...)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 29 avril 2010 à 18:07
Valérie, le terme "confier" est exagéré, comme s'il s'agissait d'un lourd secret, voir d'un péché !
Que nenni ! Je ne suis pas non plus anti-ségoléniste primaire, et en 2007 je la préférais de loin à Fabius et Strauss-Kahn (sans vouloir vexer la Licra, faut faire gaffe maintenant ...).
Je lui reproche surtout quelques réactions puériles ou démagogiques (telles que ses propos le soir du 21 avril 2002, ou le coup des drapeaux au fenêtre ...)
Rédigé par : Dominique | 29 avril 2010 à 19:51
Moi aussi ! Madame "pardon" c'est un peu too much ; "confier" était une précaution oratoire eu égard à mes chers amis blogueurs...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 29 avril 2010 à 20:09