A mon tour de prendre la plume pour parler de cette journaliste/écrivain que j'estime beaucoup. Il ne s'agit nullement d'une note de reconnaissance cf l'article du Point sur "Chronos blues", mais de mettre en valeur le travail d'une jeune femme qui a elle aussi écrit un ouvrage qui dérange. J'avais déjà consacré un article sur mon FB à son essai, paru en janvier 2009 aux presses de la Renaissance intitulé : "le jour où mes parents ont divorcé".
Agathe Fourgnaud a recensé, sans analyser le contenu, le témoignage d'adultes, parfois jeunes, parfois moins, qui relatent leurs réactions lors du divorce de leurs parents alors qu'eux-même étaient enfants. le recul de ces témoins n'enlève en rien la souffrance d'une cicatrice qui demeure.
Comment passer d'une blessure à une estafilade ? A. Fourgnaud, dans un style parfait, limpide et fluide, met en lumière ce qui, pour certains, est le combat d'une vie.
Peut-être allons-nous inconsciemment à reculons nous aventurer sur de telles terres. je fais partie des 75 % de personnes concernées par le sujet, ayant divorcé alors que mes enfants étaient très jeunes.
J'avais peur d'y trouver une culpabilité paralysante, de me confronter avec l'échec, de"voir et sentir" la douleur que mes enfant ont sans doute éprouvée.
Mais il ne faut surtout pas prendre cet ouvrage ainsi, d'autant que si A Fourgnaud souligne qu'il n' y a pas de divorces réussis, elle ne cesse de le considérer comme une chance. La préface d'Ewige Antier, redoutable par instants, est sauvée par la magnifique dernière phrase qui résume à elle seule l'utilité -mieux, la nécessité - de cette lecture : elle m'a fait beaucoup réfléchir. Ai-je suffisamment parlé à mes enfants ? Comment dire la vérité sans édulcorer ni écorcher ? Comment aider les enfants à y voir plus clair sans qu'ils renoncent à leurs espoirs personnels... les clés éducatives sont dans ce livre, poignant et parfois -oui !- amusant. Et surtout, remarquablement objectif.
Terrible phrase involontairement comique de cet homme qui croit plus au père noël qu'au couple.
Sagesse de cette femme qui se caparaçonne contre les misères de ses géniteurs.
Agathe Fourgnaud possède le don d'empathie : elle donne vie aux anonymes, traduit leurs pensées sans les trahir. Elle prête sa plume, avec générosité et clairvoyance.
Je l'ai rencontrée au salon du livre de Besançon. Elle a aimé Chronos blues et me l'a prouvé. A moi de faire découvrir, par mes petits moyens, un talent d'écriture au service des autres : la "négresse rousse" mérite le succès !
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