Mon pauvre loulou, mon Johnny d’amour
(ce n’est pas une blague, je l’adore), toi qui voulais qu’on te fiche la paix, c’est réussi : toute la France a l’ œil braqué sur ton trou de balle. Et en boucle ! Pourquoi as-tu choisi la cité des anges, je te demande un peu ! Tu aurais été bien plus peinard à Nuuk, par exemple (tête des paparazzis chargés de te couvrir au Groenland, imagine). Ou, je ne sais pas, moi, à Ushuaia.
Et pendant ce temps il y en a un qui ose parader au concert de sir Paul ! Moi, j’appelle cela un comportement anti-citoyen (il se reconnaitra).
Oui, le pays tremble : tu as fait la une du journal de France 3 et ce soir (très tard), on fustigeait ton médecin neuilléen (cet homme risque la potence !)
Mon Johnny. Tu ne pourras même plus vivre tranquille à LA. C’est fichu. Il te reste Sydney ; je ne vois que cela. La meute des chiens de chasse nous éloigne de toi. Dur d’être un mythe, hein ?
Lorsque je suis née, tu étais déjà un bien joli canon.
Et pour mes dix ans, ta trentaine fut carrément éblouissante.
Quelle gamine de mon âge n’a pas cillé à l’écoute de ces étranges paroles : « quand mon corps sur ton corps, lourd comme un cheval mort ». Pendant des années j’ai imaginé l’acte sexuel avec une connotation « lutte en Caterpillar ». La réalité fut moins écrasante, dieu merci.
Une baby-sitter de mon frère a pleuré en lisant ces titres : « Johnny et Sylvie, c’est fini ! »
Pour mes 20 ans tu opéras une mue très comestible : la Baye et ton Berger te réussissaient,
finis les peaux de bêtes et les velours cloutés, au garage les Harley qui donnaient l’impression que tu étais assis sur un pot de chambre, oui, dans les années 80 tu es devenu classe – c’est un exploit crois-moi, ces années-là étaient si peu racées. A part Bowie, tous les chanteurs furent immondes (remember George Michael) entre 80 et 90.
Et puis et puis… tu es revenu à tes premières amours : cuir, motos épouvantables, minettes tout juste nubiles, chemises improbables
J’ai tenté de te sauver (de loin). J’ai failli tuer une copine que tu avais demandée en mariage en boîte. J’ai compati aux pires moments, lorsque tu roulais sous la table, plus regardable, plus parlable.
Ta dernière transformation, je m’y suis résignée : te voir, diamant à l’oreille, épouser une gamine de 20 ans alors que tes cernes accusaient un équinoxe d’automne largement entamé, au départ, ça ne m’a pas fait plaisir.
Les années ont passé, votre amour s’est imposé ; rien à dire. Juste Saluer Laetitia qui tient le record d’années passées à gérer les éclats du vieux lion.
A présent, je crois que je préfère ta femme : je la trouve très Hepburn (Audrey, pas la chipie). N’oublie pas de lui embrasser les orteils tous les matins, cette fille-là, elle possède le comble de l’intelligence : la bonté. (Ce n’est pas de moi c’est de Proust ; je fais ma coquette mais j’aime cette définition).
Bon, je voudrais te dire que j’étais là pour tes 60 ans (déguisée en pouf’ au parc des Princes), et je serai là pour tes 70.
Je ne vais pas lapider ton abruti de médecin tout de suite. Mais reste encore, et reste longtemps. Un (vieux) rocker comme toi, c’est inspirant. C’est inestimable.
Et pendant ce temps-là, il y en a un qui cherche à rattraper ses belles années... LUI !
PS : Et pendant que nous suivons la coloscopie de Jojo en direct live, on ne nous bassine plus avec Copenhague. Un délice !