Nooon, rrien de rrrien...

Non, je ne regrette rrrien, pourrait chantonner Ingalls, s'il n'avait pas la voix de Piaf en horreur.

Alors que de mon côté c'est exactement l'inverse : j'aime la voix de Piaf et j'ai des regrets.

- Fadaises ! répond le mari. Les regrets ça sert à rien.

- Pas d'accord ! Ne pas avoir de regrets, c'est être de mauvaise foi !

La discussion s'arrête vite avec Ingalls dès qu'il s'agit d'énumérer les fragments de nos vies d'avant. Soudés par un consensus tacite, nous n'évoquons pas les ratages du passé. Moins on en cause, mieux ça vaut. 

Tout de même... Je me souviens d'un pote, dans la bande de ma jeunesse, qui avait dit un jour à sa mère, du haut de ses fringants 20 ans : " J'ai beau galérer, il y a une chose que je sais : je ne serai jamais amer !

- Mais, mon chéri, l'amertume, ON N'Y ECHAPPE PAS !" lui rétorqua calmement sa mama juive.

On avait ri, un peu gênés. Ayant à présent atteint l'âge de madame mère, je dois reconnaître qu'elle avait raison. L'amertume, on n'y échappe pas. Mais est-ce un mal ? pas sûr.

Regrets de boulot ? Inévitable, je compte les occasions manquées qui s'affichent dans la mémoire.

Regrets affectifs ? A LA PELLE ! Il est de bon ton de s'entendre proclamer après un chagrin d'amour: "Pas grave, cela te servira de leçon et puis euh, bon, vous vous êtes aimés quand même, hein?"

Pas grave, sans doute. Regrettable ? Ô combien ! Faisant partie des individus qui croient à l'inutilité de l'expérience en matière amoureuse, je peux vous certifier que certains messieurs du temps révolu ne provoquent, à leur évocation (limitée), qu'un mépris bien senti de ma part,  voire du dégoût. Je me serais bien passée de certaines histoires. Elles ne m'ont rien appris. Rien apporté. Rien déclenché, à part la fuite. Dans le fatras des souvenirs, le seul qui reste inoubliable (et pour cause) est le père de mes enfants. Nous nous parlons peu, nous ne sommes d'accord sur rien mais il garde une place à part dans mon cœur. Celle de celui qui a donné la vie. Ce qui n'empêche ni l'exaspération, ni la colère, ni parfois, une forme d'indifférence.  Mais pas de regret.

En revanche, à celui qui pérore sur les ondes (des désavantages d'une liaison avec un puissant journaliste) en se répandant sur "le drame des banlieues-j'appelle-les-jeunes-à-bruler-des-bagnoles-pour-faire-comme-les-frères-du-Maghreb"... Eh ben mon saligaud, si Vichy n'était pas fini j'irais bien dire au Canard ce que je sais de tes voyages gratos dans les palaces 6 étoiles dudit Maghreb.

Bien sûr que je regrette d'avoir cédé à des galants qui se sont révélés au final bien décevants. Bien sûr aussi, l'inverse est vrai et certains ont regretté de m'avoir connue.

Mais je crois que c'est JUSTEMENT le regret (ou le remord) qui m'a fait avancer. Dans une histoire mocharde, celui qui la subit tristement est aussi responsable que celui (ou celle) qui mène le bal. Partant de là, d'une responsabilisation affective, j'ai un jour franchi le pas. Celui qui m'a fait évoluer d'un: "Je sais ce que je ne veux pas" vers: "Je sais ce que je veux". Décisif. Un pas vers le bonheur? Pour répondre à Elib' qui me demandait hier ce qu'est le bonheur... En tatonnant, je crois que pour moi, le bonheur c'est quand on sait que s'emmerder dans le couple est inévitable, mais que s'emmerder avec son chéri est toujours harmonieux.

Et vous ? Avez-vous des regrets ? Etes vous orgueilleux comme Ingalls (pas de regrets ! jamais !) ou fataliste comme mézigue ?

Baisers d'une pine'up "que reste-t-il, la la la la"

 

 

 

Comments

[Rédigé par : Caritate]

D'acord avec Ingalls sur Piaf ; et heureuse que quelqu'un pense comme moi, enfin !
Pour ce qui est des regrets, j'en ai UN, un seul, mais dont je ne parviens pas à me défaire... Je mourrai avec, je crois. Tant pis !

[Rédigé par : Elibéran]

Puisque le regret appartient au passé à quoi bon s'infliger une souffrance !
Mais au fond c'est toujours la même chose que nous regrettons , de ne pas s'être écouté ,de ne pas être allé dans le sens de notre besoin.

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

Pour vous rejoindre toutes les deux : c'est en disant : "je regrette..." que je suis parvenue à me défaire de liens bidons. Sinon pour la voix de Piaf, je comprends tb Ingalls pour lequel c'est limite craie sur le tableau noir (ça doit faire le même effet sur les neurones de Caritate). Une voix pareille, ou on l'adore, ou on la déteste

[Rédigé par : Hervé]

Oui, le bonheur, c'est d'être vivants... tout simplement !
Les seuls regrets que je porte, sont liés à ceux que j'aime ou que j'ai aimés... Ne pas leur offrir assez, ne pas être ou avoir été assez disponible pour apporter de l'aide à qui a (ou avait) besoin de moi, ne pas être toujours capable d'offrir le meilleur de moi, ne pas être assez utile aux autres pour le donner de la force ou de la confiance quand ils en manquent, ne pas être ou ne pas avoir été assez intelligent, ou ouvert à ce que je ne comprenais pas hier ou que je ne comprends toujours pas aujourd'hui... Mes regrets sont liés aux autres. Pour ce qui concerne ma vie à moi... je ne me "permets" pas de regretter quoique ce soit. je suis vivant. je veux mettre toute mon énergie dans les choix à faire chaque jour, dans la vie, quoi...

"Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures combien?
Quand j'y pense mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien

Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, parler, pleurer,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait:
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes en pour demain...

J'ai encore du pain,
J'ai encore du temps, mais combien?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps...
Combien de temps encore?
Des années, des jours, des heures, combien?
Je veux des histoires, des voyages...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons, ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses...

Combien de temps...
Combien de temps encore?
Des années, des jours, des heures, combien?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord?"

[Rédigé par : Elibéran]

C'est vrai qu' Edith Piaf on l'aime ou pas! moi je n'aime pas la femme qu'elle était,sa voix ,guère plus .
Il y a 6 ans j'ai chanté la foule accompagnée d'une vingtaine d'enfants ,j'ai trouvé cette chanson magnifique et depuis je trouve dans son répertoire ce que je recherchais depuis toujours.

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

@Hervé : D'accord ! (combien de temps). Oui, tj d'accord pour vivre et surtout, rebondir comme un zébulon un peu abimé, mais tj d'attaque.
@Elib' : as-tu une vidéo de cet événement? "La foule" avec des chœurs d'enfants...

[Rédigé par : Elibéran]

Beaucoup de souvenirs étaient dans le disque dur que Gérard a fait tomber l'an dernier.Nous avons tout fait pour essayer de récupérer(surtout les photos de famille)Le disque est passé dans des mains expertes mais rien!
J'avais fait d'autres choses avant de quitter l'école(travail)j'ai monté "Starmania " et "Roméo et Juliette " tout est perdu.Mais il doit exister des films que les parents ont fait.mais bon c'est du passé.

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

Il est arrivé la même chose à Ingalls : il avait passé des mois à archiver des souvenirs de famille importants et il a tout écrasé. Il était très triste. Mais comme tu le dis, c'est du passé

[Rédigé par : Le Nain]

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?
Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,
Cet honnête désir de l'immortalité,
Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs qu'au soir sous la nuit brune
Les Muses me donnaient, alors qu'en liberté
Dessus le vert tapis d'un rivage écarté
Je les menais danser aux rayons de la Lune ?

Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,
Et mon cœur, qui soulait être maître de soi,
Est serf de mille maux et regrets qui m'ennuient.

De la postérité je n'ai plus de souci,
Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi,
Et les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient.

Joachim du Bellay

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

Un immortel, Le Nain. Merci. Dans la série "les classiques", que pensez-vous de la revitalisation cinématographique de la Princesse de Clèves ? Cela m'intrigue beaucoup.

[Rédigé par : Fredouat]

Moi j'aime pas la Princesse de Clèves.

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

pourquoi t'aimes pas?

[Rédigé par : Fredouat]

Parce qu'en plus il faut une raison? :)
Disons que cela fait partie de mes tortures scolaires, un livre sur lequel je me suis cassé les dents plusieurs fois en exercice de commentaire.

[Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne]

Je ne veux pas te faire de peine mais ma prof de français disait à la cantonade (mixte) de mon année de 1ère : "celui qui n'a pas lu La princesse de Clèves ne sera jamais un homme. Vous écoutez, monsieur Martin?"

[Rédigé par : Le Nain]

Je n'aime pas non plus cet ouvrage. Il ne me parle pas. Donnez moi le journal de Pierre de L'Etoile, les mémoires de Bassompierre, les historiettes de Tallemant des Réaux, voilà des ouvrages pleins de vie, et non pas artificiels comme cette Princesse dont on nous rabat les oreilles.