Un ami eut le maître mot hier : déni.
Nous vivons en plein déni tout en affichant haut et fort nos tenaces détestations et nos fugaces engouements. Devant l'affaire Anelka
qui RAVAGE (titre de l'article du JDD), je me demande si on est horrifié par le "va te faire enculer" car c'est une sale insulte, ou si ledit joueur n'a pas le droit d'insulter quiconque PARCE QU'IL JOUE COMME UN PIED, ce qui est une autre histoire. "Bruno", sur le blog de Resse, a posé une bonne comparaison : la gifle verbale d'Anelka et le coup de boule de Zidane. Lequel est le plus grave ?
Je trouve qu'il flotte dans l'air comme un parfum d'élitisme. En gros, si vous avez du talent, vous pouvez être une forte tête, avoir des attitudes de voyou sans tact, peu importe on vous aimera. Mais si vous êtes arrivé à ce sommet de la gloire et que vous la foulez d'une médiocrité avérée, on vous assassinera.
Sans aucunement expliquer ou cautionner Anelka que je considère comme un type insupportable, je voudrais bien qu'on m'explique comment il pourrait en être autrement. Vous méprisez Anelka et aimez Guillon ?
Ou des journalistes qui ne se gênent pas pour ériger la provoc comme arme d'audience ?
Notre société entière est basée sur l'insolence. C'est devenu une vertu cardinale, un signe de bonne santé visible et estimable. La preuve : le succès planétaire d'un connard nommé docteur House qui engueule à longueur d'épisodes patients et internes, qui n'émet jamais le moindre signe de repentance MAIS COMME IL EST BON DANS SON DOMAINE, on le trouve jouissif !¨ Voir la couv' du téléobs de la semaine dernière avec un House qui tient un cerveau humain entre ses paluches avec ce titre : "séries tv : bonjour sagesse, quand nos héros font de la philosophie". Je cite :" par son exigence de vérité, House est un héros intrinsèquement socratique".
Si House est socratique, l'équipe de France aussi ou alors Je rêve. Mais je suis sûre que la semaine prochaine l'obs stigmatisera les comportements des footeux dans un bel élan moral !
Je parie ma part de Paradis que si l'équipe avait été cohérente, soudée et enlevée, les conneries d'Anelka n'auraient pas occupé trois lignes d'un canard et qu'on serait tous et toutes comme des niais, scotchés devant nos télés à les aduler sans moufeter.
Pas la moindre place à la gentillesse, à la compassion dans le bon sens du terme, aux trucs qu'on m'a appris, gamine. Et ce, dès l'enfance. Un sale gosse brillantissime et indiscipliné sera toujours mieux vu que l'élève médiocre mais respectueux. Pourquoi continuer à éduquer vos enfants dans les règles de la courtoisie en sachant qu'elles seront un handicap pour lui à long terme ?
Dans l'école (géniale) de ma fille, il y a des classes à horaires aménagés pour les jeunes sportifs. Il n'y a pas trop de footeux mais beaucoup de petites danseuses. J'ai eu l'occaze, à des fêtes d'école, de parler avec certains parents : la plupart d'entre eux,issus de milieu modeste, se saignent pour leurs filles, les idolâtrent, elles sont un fantasme de réussite pour les familles. Elles sont traitées comme de minireines et sont odieuses. J'en ai vu une répondre à sa mère... Un de mes gosse m'aurait parlé sur ce ton, il aurait gagné une paire de claques publique. J'imagine que les futurs dieux du stade doivent recevoir leur part d'adulation et de pression sociale dès la tétine. Et devinez quoi ? Cela engendre des monstres de nervosité et d'égoïsme.
Idem à la course au petit génie qui DOIT (mère instit) intégrer Louis-le-Grand-Ginette-X-Mines.
Idem pour les parents qui photocopient sans récoler un merci de leur progéniture les cours sacrés, qui font la queue aux inscriptions parce que fifils n'a pas le temps de s'en occuper.
Il y aura (et il en faut) toujours des brebis galeuses dans les préaux, dans les facs, dans les bureaux.
Mais je trouve les prix de bonne conduite et de camaraderie les plus beaux, les plus gratifiants.
Et je n'aime pas la société qui vit dans le déni de ces valeurs (ouh! un mot de droite !)
Baisers d'une pine'up très "s'il vous plait-merci-pardon"