Hier soir, je suis allée à une signature d'un nouveau livre d'un spécialiste du numérique. J'en reparlerai après l'avoir lu, ayant beaucoup de sympathie pour l'auteur. Nous avons discuté réseaux sociaux et algorithmes, surpuissance de certains mastodontes et nouvelle marotte de l'humain qui donne ses avis par écrit.
Oui, je suis enthousiaste depuis de nombreuses années sur la capacité des réseaux sociaux à me faire découvrir de nouvelles sensibilités. Mais j'ai été depuis le départ extrêmement mal à l'aise avec un phénomène qui prend une grande ampleur : la critique pure et la dénonciation.
"Donnez-nous votre avis". "Votre avis nous intéresse". Si vous voulez le savoir, votre avis, en l'état actuel des choses, ne m'intéresse pas.
Explication : je n'ai jamais lu le moindre avis sur Trip Advisor, ni sur Amazon, ni sur La Fourchette, ni sur La Redoute, ni sur la Fnac, etc. Je choisis mon restau parce qu'on m'en a dit du bien, un livre après l'avoir feuilleté, un vêtement après l'avoir touché ou avoir vu, sur le net, un assortiment de couleurs qui m'intéresse, une image de B&B sémillant... Et si je suis déçue, c'est mon problème, mais je n'en décevrai pas les autres. Si je dois écrire une appréciation à Darty ou à la pension "Mon Repos", elle sera toujours bonne. Pourquoi? Parce que je pars du principe que tout compliment est encourageant. Si vraiment je suis très mécontente, je n'écris rien.
J'utilise la com internet à l'instinct, sans même savoir faire une capture d'écran.
Il y a quelque temps ont fleuri sur FB et consorts des groupes " mon quartier", "ma ville", "ma région". Et bien pour avoir eu la faiblesse de m'inscrire dans ces groupes, j'estime avec un peu de recul à présent que c'est à vous rendre misanthrope pour la vie.
Bien sur, il y a des gens positifs et charmants, dans ces groupes, mais ils sont noyés dans une masse d'incroyables mal élevés.
Dans le groupe "ma ville", si j'en crois ce qui s'y raconte, entre deux insultes à la mairie, Mme truquemuche trouve le restaurant untel très surestimé et CHER, Mlle Machin vend (VEND) un playmobil usagé 10€ à venir chercher en main propre (Emmaüs, ça existe, pour donner des jouets) et Monsieur Bidule est ravi de s'exciter sur la mauvaise qualité du magasin au coin de sa rue. Si on lui rétorque que ce genre de critique-défouloir du vendredi soir est un peu facile et qu'il pourrait, avant de l'écrire, s'en expliquer avec la personne incriminée, il répond "que la critique est constructive et que lui, charmante personne exigeante, fait avancer l'humanité en assassinant un vendeur." Sans blague...
J'ai parfois une folle envie de répondre à cette humanité par sa faille : vous avez un fils, monsieur truquemuche? Eh bien je vais faire courir le bruit qu'il est parfaitement odieux et inapte à toute embauche. Ou que j'ai surpris votre femme commandant un verre de blanc à 7heures du matin au café.
Sans compter les anonymes qui pourrissent ce qu'ils touchent, juste pour le plaisir.
Je n'ai jamais supporté le principe du bouc émissaire, et toute personne, je dis bien TOUTE PERSONNE qui monte un projet a droit avant tout à mes applaudissements. Elle bricolera, elle apprendra, elle se cassera la figure, elle se reprendra, et ce ne sera pas la foule mécontente qui l'aidera. Je ne vais pas laisser un commentaire désobligeant à un jeune qui crée son restaurant, qui se lève à 4 heures du mat pour aller acheter ses légumes et sa viande uniquement pour le plaisir de lui suggérer que j'ai attendu 30 mn mon plat.
Lire les "lanceurs d'alerte"? Quelle perte de temps... Mon plaisir est MA responsabilité. Ma déception l'est tout autant. Mais cette dernière, qui peut être évolutive, je préfère la taire.