"Connecté" et "déconnecté" deviennent les deux mots les plus effrayants de la langue française. La pire expression devenant "il/elle est déconnecté(e) des réalités".
Il était une fois internet et les moteurs de recherche... J'ai plongé très tôt, pour y assouvir mes curiosités. Surtout celle du cinéma ancien. Au début, il y avait peu de contenus. Avec les années les chapelles cinéphiles- surtout américaines - se sont créées et je peux, avec délice, plonger dans l'histoire de stars du muet oubliées (Rod La Rocque, Lupe Velez) et y passer des soirées entières. L'architecture est aussi un grand vecteur de rêves personnels avec ses innombrables mots-clés. Si j'étais une scientifique, je pourrais aussi passer ma vie à sauter de blogs en sites, d'articles en démonstrations. Si j'étais musicienne, peut-être partirais-je à la recherche d'enregistrements inconnus. Internet a été ma manne de rêveuse. Ca l'est toujours. Un paradis pour artistes et chercheurs. Une complicité virtuelle entre gens de même sensibilité.
Mais c'est aussi un enfer pour les ratés. Un poignard pour les jaloux. Une mitraillette pour les frustrés. Plus que la tyrannie de certains régimes politiques, plus que le capitalisme dit sauvage, internet peut devenir la plus grande source de déraison. Comment demander aux gens de faire des efforts lorsqu'ils contemplent sur leur écran la vie dorée de ceux qui ont réussi ? Comment croire en l'humanité lorsqu'on est bombardés d'images d'enfants battus et de faits divers à vous faire désespérer de l'homme ? A quel point notre cerveau a-t-il été mis à mal par l'étalage de ce qui a toujours existé : l'injustice.
A présent que le journalisme se délite complètement avec l'information à la source - tout le monde peut être journaliste avec un minimum de jugeote- un pas se franchit : tout le monde peut être une personnalité politique. La preuve en direct aux USA.
La parole au peuple. Au jury populaire qui lui, n'est pas "déconnecté". On oublie au passage que le jury populaire est mille fois plus cruel que celui des élus.
Lorsque j'entends "il ou elle est déconnecté(e)" des réalités j'ai envie de hurler : "Mensonge!". Il est devenu impossible de se déconnecter de la réalité. On devrait plutôt dire : "Il ou elle ne voit pas MA réalité". Ces additions de réalités rendues cacophoniques sur les réseaux sociaux... Une personnalité politique doit-elle aller sur les réseaux sociaux? Je ne crois pas. Un peu comme le parent doit savoir comment fonctionne un jeu vidéo pour comprendre l'addiction de son enfant, une personnalité politique doit savoir comme marchent les réseaux sociaux. Mais y être... Non, rien ne vaut le contact humain.
Le brouhaha du monde cache la réalité. Il faut faire un effort pour trier l'important de l'accessoire.
Rédigé par : Le Nain | 07 novembre 2016 à 16:48
Cet effort peut-il encore être fait ? entre multiplicité des égos et réalité plurielle, pas facile d'appeler à la lucidité.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 08 novembre 2016 à 13:05