J'écoute peu de musique ; peut-être parce que notre monde est plein de bruit. J'en écoute lorsque je suis en voiture, et comme je ne conduis pas, c'est le choix du pilote qui importe. Vendredi soir, avec Ingalls, nous nous taquinions en dévalant l'A 10 sur fond d'autoroute FM lorsqu'une version de Sunny nous fit taire. Je cavale depuis à la recherche de cette reprise. C'était une chanteuse. Voix claire, ample. Rythme assez soutenu. Orchestration jazzy mais pas trop.
Une voix légère, une voix pudique. Une voix qui dit l'essentiel dans l'épure. Si vous avez des idées...
J'ai écumé Youtube, sans succès. J'aime l'exercice de fluidité et de simplicité, tant dans la musique que dans l'écriture. C'est souvent quand la souffrance est planquée au tréfonds des organes qu'elle me prend aux tripes - je suis plus classique que baroque. A part quelques mélos flamboyants (Douglas Sirk est le maître en la matière, Almodovar est son fils), je suis sensible aux sentiments qui s'avancent masqués, au cinoche, dans les livres, et même en musique.
Parlons bouquins :
J'avais adoré, au Seuil, le roman de Loïc Barrière Le Chœur des enfants Khmers.
A priori, les massacres orchestrés par Pol Pot, je n'avais pas envie de les lire, de les voir retranscrits en lambeaux de chair. Je savais que la tuerie avait été aussi raffinée que barbare, et ma première réaction fut de me boucher les oreilles pour ne pas entendre les hurlements des innocents. Mais Barrière a écrit un texte qui ne tombe pas dans le pathos, dans le lamento lourd et complaisant. Sa patte est naturellement économe, au meilleur sens du mot : il a construit autour de la quête identitaire d'un Cambodgien dont l'entourage fut martyrisé une intrigue ciselée comme un polar calme, au souffle lent mais au rythme court.
Barrière est un classique qui ne tombe pas dans l'académisme. Aussi, ce matin, quand il m'a appelée pour m'interviewer sur Radio Orient, j'ai été fort intimidée. Un écrivain que j'admire est capable de me faire balbutier. Je le remercie, lui que je ne connais pas, de s'être intéressé à Que reste-t-il de nos divorces?
et de s'être montré aussi humain et aussi pro lors de notre entretien radio.
Baisers de la pine'up qui a envie de bambous, de thé et de couleurs safranées... En attendant la prochaine pépite de Loïc Barrière. Relire Pearl Buck pour patienter?
Une écrivain que je redécouvre à chaque lecture - Pivoine reste ma référence sur les chocs culturels à l'autre bout du monde... je relie, par leur élégance, ces trois références : la voix d'une chanteuse, les entrelacs d'écriture d'une Nobel américaine et d'un écrivain français qui partagent un sens de la construction et de la sobriété. Une forme d'insoutenable légèreté de l'être.
Où Barrière va-t-il trimballer la sienne, après le Cambodge et le Maroc?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sunny
ici tu as toute une liste, mais d'après ta description ça pourrait fort bien être celle de la grande, la merveilleuse Dusty Springfield. A vérifier ici...
http://www.youtube.com/watch?v=ehy6VjLU8DY
Rédigé par : Mossieur-Resse | 07 mars 2011 à 13:31
Bingo, c'est elle... Je ne connaissais pas cette artiste : une merveille, en effet... Que me conseille-tu d'elle ?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 mars 2011 à 13:53
Je m'attendais quand même à ce que tu ajoutasses! Putain, le resse, il est fort quand même. Déteste Véronique Samson, mais sait de quoi il cause.
Enfin, n'ayant rien eu de tel, "je me les sers moi même avec assez de verve, en regrettant un peu qu'une autre ne me les serve"... ;))
Trève de balivernes, l'album Dusty in Memphis est un sommet (très soul). Tu peux aussi rechercher ce qu'elle a chanté de Burt Bacharach. il doit y avoir une compile de ce genre, dusty sings burt, ou avoisinant.
Rédigé par : Mossieur-Resse | 07 mars 2011 à 14:46
Nom d'un subjonctif, j'ai oublié : " Il est fort, ce Resse" (et je vire le Putain, nom d'une féministe)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 mars 2011 à 15:03
Question musique, je suis d'une nullité crasse, je n'ai aucune culture, je n'y connais et n'y comprends rien, tout comme en peinture. Tout ce que je sais faire, c'est dire : j'aime. Quand je n'aime pas, je ne dis rien en général. Alors, même si je n'ai pas pour autant plus de connaissance en musique, j'écoute chez Resse, et je dis souvent : j'aime.
Rédigé par : Caritate | 09 mars 2011 à 00:23