Mes amis, la famille Ingalls arrive et ces jours-ci, serai au four et à l'aspi. Ceci est une grosse note pour vous faire patienter.
Hier soir, j'ai veillé pour connaître ENFIN l'épilogue de la saga Strip-Tease, le film d'Anne-Marie Avouac en 4 volets intitulé à la Kazan : "America America" (voir notes précédentes)
Donc, Chantal et Georges traversent la Grande Bleue direction visite à leurs familles respectives. Chantal, harnachée de cuir et crinière lissée au fer, fait un bref passage à Paris pour aller embrasser sa copine coiffeuse et lui raconter à quelle point elle est veinarde (mon beau mari, si beau tout nu...). Pendant ce temps, "baby" fait du Golf à Vegas (le concept "golf à Vegas" est un peu suspect, chère Chantal mais je sais, tu n'es pas jalouse). Elle grimpe ds son TGV vers le Nord, tandis que Jojo le restaurateur arrive dans la région lyonnaise. La maison familiale de Jojo est fort jolie, ventrue, accueillante, d'une poésie balzacienne. Georges s'extirpe de la voiture et hurle : "elle est où la maman ?". Elle surgit, très émue, debout, digne à 93 ans et les étreintes entre Jojo et sa mère font jaillir les larmes pudiques de cette dernière. En voici une que son fils ne peut renier, ils se ressemblent de façon étonnante. Georges est un tactile, il serre sa mère contre lui d'un amour gourmand. Celle-ci semble aussi pétillante que tendre, très grande-bourgeoise maligne. Pour l'instant...
Volte-face sur Chantal qui débarque à Lille où elle retrouve son frère, ses sœurs et sa mère sous un ciel... du Nord (et pendant ce temps, soleil sur le Rhône). Embrassades convenues (4, c'est l'usage, Chantal est un peu dépassée) et service minimum de la mère, bien moins expansive que madame Georges. Tout sépare Chantal de sa famille. Contrairement à Georges qui a conservé son accent lyonnais, Chantal s'est évertuée à l'excès à prendre le contre-pied des intonations cht'is. le contraste est vertigineux quand on écoute papoter la fratrie.Tout le monde se pose chez la sœur et Chantal distribue ses vitamines estampillées US (a-t-elle emporté de l'herbe à chat ?). Elle invite ses sœurs à venir la voir. Devant les hésitations du groupe elle s'exclame : "quoi ? vous êtes si pauvres que je doive payer votre billet ?". Ingalls a les yeux injectés ! Je crois que Chantal, dans un mimétisme absolu, a chopé la brutalité américaine. Elle ignore jusqu'au sens du mot "tact". Pour la défendre contre Ingalls qui ne peut pas la sacquer, Chantal dit en effet un monceau de conneries mais n'est pas réellement méchante.
Les sœurs, pour se venger sans doute, racontent à Chantal son ancien flirt avec le fils du pharmacien. "je ne m'en souviens pas" coupe cette dernière, horrifiée de passer pour une Marie couche-toi là. Puis c'est l'épisode "photos de famille" et les remugles d'une enfance pauvre et brimée déferlent sur la grande rousse. Tableau de chasse : la mère que j'avais un peu vite estampillé "Folcoche" n'est rien en comparaison de feu son mari, un ancien de l'Indo qui faisait trimer Chantal, l'obligeait à tout récurer et la punissait des heures entières dans un placard. On comprend à cet instant son maquillage indélébile, sa volonté forcenée de dire adieu à tout ce que cette région représente pour elle. On comprend son snobisme de parvenue, dans le sens littéral, "parvenue à".
Chantal ne manifeste aucune émotion, contrairement à son frère, que ses révélations sur le chef de famille ravagent. Elle n'est que colère froide, incompréhension, et rancune d'autant plus tenace qu'elle est maîtrisée. Chantal ne craquera pas, jamais, même dans l'épisode ô combien difficile de la visite à la maison de son enfance. Arrivée sur les lieux elle murmure : "c'est encore pire qu'avant". Un attroupement se forme autour de la Dalida de Valenciennes. La cité chagrin, face aux terrils, est au-delà du sinistre. Mais ce qui est encore pire, chère Chantal, ce sont peut-être tes voisins, non ? Dans le quartier de brique et de broc, les habitants, énormes et blêmes, semblent sortis d'un cheptel à haute consanguinité. Chantal dispense qq bonjours et s'enquiert de la présence d'Adolphe. La rue de hurler :"AAAdolphe !" Avec un tel prénom, j'imagine un vieillard hors d'âge. Bien contre son gré, l'air horriblement gêné, un beau gars d'une cinquantaine d'années sort gauchement de son pavillon. Chantal nous explique qu'elle a beaucoup joué avec lui. Sa sœur, tj perfide, en aparté : "t'as flirté aussi avec !" Chantal fait mine de ne pas entendre (et sur ce coup-là, à regarder la franche hideur des autres, je lui donne un bon point si c'est le cas).
Elle sonne à la porte de son ancien chez soi. Une sublime famille d'origine maghrébine lui ouvre la porte, sourire lumineux aux lèvres. Mildiou ! Ils relèvent le niveau, et pas qu'un peu ! La french touch défaillante sous ces latitudes a bien besoin de ces brun(e)s aux longs cous, aux visages fins et doux, aux cheveux chatoyants . Ils proposent de partager leur repas mais Chantal, épouvantée à la vision du placard de sinistre mémoire, remercie avec effusion et se tire vite fait.
Elle se souvient de ses noëls sans cadeaux, aux dîners composés de carottes crues (là, Chantal, nous avons l'explication un tantinet maso de ton régime perpétuel) et assène aux gosses du quartier : "de l'argent, vous dites que vous n'en avez pas ? j'en avais encore moins que vous !"
Maladroitement, à la Chantal, elle s'engouffre dans sa voiture en distribuant des "bonnes chance !" de dame patronnesse à la foule qui la regarde s'éloigner pour toujours. La corvée est passée. Encore un verre de blanc pour digérer ces misères (Chantal et ses sœurs picolent sans discontinuer).
Pendant ce temps, Georges n'arrête pas de câliner sa mère qui lui dit, triomphante : "tu es mon fils chéri, tu me manques, ah, je sais bien que tu n'as pas coupé le cordon !" Georges se laisse faire de façon un peu effrayante. Et la mère d'ajouter : "il faudrait que tu trouves une gentille femme, une qui n'en veuille pas à ton pognon." Paf ! dans les gencives ! le sexagénaire est ko. La french touch, c'est que du bonheur.
Puis nous assistons dans le salon de maman Georges à un défilé de mode façon la Redoute 1979 avec le styliste ami de jojo qui présente ses bien laides créations : " ma clientèle est composée de femmes riches, celles qui s'achètent de nouveaux ensembles pour les fêtes carillonnées". Les fêtes carillonnées... mauriacien... il poursuit, tandis qu'Ingalls s'étrangle :"je fais aussi de la couture orthopédique, pour les veuves qui ont des épaules pas très droites". Georges lui promet un défilé dans son restau US, on salive.
la fin se dessine lentement : Chantal et Georges sont retournés à Philadelphie. Plan fixe sur Chantal, en tenue préraphaélite, qui semble perdue dans sa maison géante - le contraste avec le Nord est trop violent.
Elle accueille le styliste lyonnais pour lequel ELLE VA DÉFILER DS LE RESTAU A JOJO. Et le petit monde de trottiner jusqu'au restaurant où en entend les hurlements de Georges qui houspille ses marmitons "fuck you, sons of a bitch" (french touch, toujours...).
Essayages avec les copines, puis dîner en compagnie de Georges dans son restaurant. Chantal est accompagnée par son mari, de retour de son golf à Vegas. Il n'ouvre pas la bouche, sauf quand Georges dit qu'il a adoré le show Céline Dion. "Hu, Céline Dion, her husband... big gambler, he loses 500 000 $ every night" (R'né-Charles ? un colonel Parker ?). Air rêveur de Jojo : "moi, je suis pas un gambler. Sauf avec les femmes. Ah, si je récupérais les cailloux et les manteaux de fourrures que j'ai offerts à mes maîtresses, j'vous jure, j'aurais plus besoin de bosser! " (French touch...)
Le grand défilé arrive, on a réuni le gratin. Chantal ouvre le bal avec un manteau qui semble taillé avec le revêtement intérieur d'une twingo. Puis elle enchaîne dans une robe noire assez jolie. Ses copines, très excitées, demandent le prix. Ça continue dans une symphonie de blanc, jusqu'au final au bras de Georges, lui, prêt à éclater ds son costard en tussor, elle, pourtant mince, boudinée dans un organdi nuptial. Ses amies américaines l'alpaguent : "Chantal, tu t'habilles tj en blanc alors que ça ne te va pas du tout ! plus de blanc, Chantal !" Et notre cendrillon de partir dans un tourbillon de volants, sourire hagard. La franchise US, c'est sympa, hein, Chantal ?
Ps : l'émission date de 2004. Depuis, Georges a fermé un de ses trois restaus. il en a ouvert un autre. Le mari de Chantal a pris une année sabbatique pour aller soigner les enfants haïtiens. Chantal a découvert LA PEINTURE, elle va exposer à New York.
Clap de fin.
Baisers de la pine'up
Quand la réalité dépasse la fiction... et quand la note est nettement plus drôle que l'émisssion !!!
Rédigé par : Caritate | 20 août 2010 à 19:44
Oi, mais les Ch'tis n'y seraient-ils pas un peu stigmatisés ?
Qu'en pense Grincheux ?
Rédigé par : Dominique | 21 août 2010 à 12:09
GG ne vient jamais, j'peux dire c'que j'veux
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 août 2010 à 13:13
Non, parfois ils stigmatisent la Creuse et la Picardie...
Pour avoir un affrontement nord-peuplé-de-crétins-consanguins contre sud-abondant-de-cagoles-et-abrutis-jaloux, il faut regarder confessions intimes.
Rédigé par : Fredouat | 21 août 2010 à 23:39
This is awesome!
Rédigé par : Deana | 13 août 2013 à 14:54