blog de Valerie Pineau-Valencienne

Nippon nostalgie

Me voici de retour. Un peu groggy, très heureuse. Le Japon traine dans le cerveau et dans le coeur sous forme de nuages imaginaires. Son perfectionnisme et sa fantaisie m'ont profondément marquée. J'ai découvert le travail d'un jeune architecte dont je garde jalousement le nom : au lieu d'aller vers trop d'épure ou trop de mignardises, il réunit les deux. Je crois qu'il va m'inspirer durablement pour de futurs projets. Plus que tout, ce voyage marque une complicité mère-fils, avec de grands moments d'intimité. Je remercie Max pour ces précieux moments. Pour notre gout commun, qui nous réunit dans l'émotion et dans le rire. Pour ces instants hilarants comme danser façon Tarentino dans une chambre d'hôtel sur les Rita Mitsouko. Ou nos fou-rires du petit déjeuner. Sur ces lectures japonaises que nous avions tant aimées lorsqu' il était enfant : Le Clan des Otori, épopée féodale de l'Australienne Lian Hearn (Gallimard) qui nous a réunis dans de longues discussions... 

Continuer ces moments au pays du Soleil Levant... relire Nothomb qui peut se permettre de parler de façon cinglante du Japon tant elle l'aime, et revoir les grands films des génies japonais. mon préféré entre tous est Mizoguchi. Alors... Les Amants crucifiés me viennent immédiatement en tête, pour cet amour qui pulvérise les codes et les ordres, suivi de La rue de la Honte et ses portraits de femmes tellement variés dans leur déchéance. Mais aussi Ozu et Voyage à Tokyo, pour sa pudeur, sa sécheresse, sa défense du noyau familial qui va aussi avec l'individualité.  Et, bien sur, Les grands dessins animés que sont Le Voyage de Chihiro et autres Hayao Miyazaki. Là dessus je vous laisse, j'ai ma princesse de fille qui fete notre retour. 

Demain, j'écrirai un souvenir japonais d'enfance...

Onsen

La fin du merveilleux voyage approche - hélas! Nous sommes à présent au milieu de nulle part, dans un ryokan en zone sulfurique, seuls Occidentaux en pays volcanique, donc thermal. Au Japon, pays de l’eau, les bains, c’est sacré. Dans notre auberge, ils sont ouverts jusqu’à minuit. Les clients s’y dirigent avec lenteur. Le lieu est austère; terminé le kawai, nous ne sommes pas ici pour l’ornement mais pour le dur labeur de se remettre en forme. Dans la partie réservée aux femmes, je barbotte en compagnie de cinq créatures peu aimables pour ne pas dire renfrognées qui aspergent leurs corps sévères à coup de seaux d’eau glacée. Tout ceci sans un mot. Nous sommes loin, bien loin des hammams méditerranéens avec leurs femmes chaleureuses et caquetantes! Max a eu plus de chance que moi: il a fait la connaissance dans les bains masculins d’un tokyoite enthousiaste qui ne tarissait pas d’éloges sur la France. Yukatas de rigueur, heureusement fournis par l’hôtel. Max s’y sent comme un seigneur tandis que j’ai l’impression d’être une vieille servante. Personne ou presque ne parle anglais, mais j’ai réussi, avec force grimaces, à faire saisir à nos hôtes que Max est mon fils et non mon sigisbée. Ils ont semblé fort rassurés - jusque là ils me regardaient avec une discrète désapprobation. Hélas aussi, la proximité du Fujiyama ne sert pas à grand chose: le ciel est si bas qu’il est impossible de l’apercevoir. Mais ce pays est si extraordinaire que j’y reviendrai, encore et encore... et je le verrai...

Éloge de la soie

Éloge de la soie

J’aime le toucher de la soie plus que celui de n’importe quel autre tissu. Pas d’accroc, pas d’irritation, pas de sécheresse; la soie glisse sur soi dans un confort libre et troublant. Attention : la vraie soie, pas la fausse trafiquée au viscose/polyester, pas la soie de supérette. 

Je pensais être propulsée dans un éden soyeux lors de ce premier contact avec l’Asie, mais à ma grande stupéfaction, s’il y a un domaine dans lequel la France bat le Japon et la Chine par KO sans appel, c’est bien celui-là. 

La soie japonaise, comme sa grande sœur chinoise, est lourde, rigide, avec un gros grain un peu désagréable au toucher. Elle est pesante, solennelle, presque immettable. Par contraste, l’art de nos soyeux lyonnais apparaît aérien et sans prix. D’ailleurs il disparaît pour le commun des mortels, racheté par les grandes marques françaises du luxe: la soie française va devenir aussi rare qu’inabordable, son cours ne cessant de grimper. J’ai vendu chez YOK une jeune marque hexagonale, Be Parisian, créée par Emmanuelle Legavre. Le raffinement personnifié... 

C’est une des dernières indépendantes à travailler avec nos fameux soyeux. Les foulards et les kimonos Be Parisian sont exceptionnels de qualité... À tel point qu’à Tokyo, j’ai surpris des regards nippons remplis de convoitise, voire de jalousie. Dans un pays qui désapprouve le frôlement, j’ai physiquement ressenti l’envie de certain(e)s de la toucher ; leur curiosité vis à vis de ma carapace mouvante et chatoyante, vis à vis de cette étoffe qui fait rêver. 

J’ai vendu tout ce que j’avais de Be Parisian chez YOK; je n’ai jamais soldé ces merveilles dont certaines s’offusquaient des prix (en général, ceux qui s’offusquent du prix ont parfaitement les moyens de se l’offrir). YOK est fermé au mois d’août ; alors à celles qui ont succombé à la tentation Be Parisian: vous avez du collector sur vous, une pépite, un art si rare qu’il fait l’admiration au Pays du Soleil Levant. Hermès - objet d’hystérie au Japon - n’a qu’à bien se tenir : une toute jeune styliste pourrait lui damner le pion. 😘😍#BeParisian

Max et le petit déjeuner japonais

Max et le petit déjeuner japonais: 

« batailler avec ses baguettes pour extirper un malheureux bout de truite et trois arêtes qui se plantent dans les amygdales, devoir se farcir cet immonde tofu qu’ils placent partout... Il n’y a que la soupe miso de mangeable - et encore. C’est bien simple, si je devais vivre au Japon et avaler ça avant de partir au boulot, je serais renvoyé avant la fin de la matinée » 😂😂😂😂#MonPetitFrancais

Takayama

La riche Savoie japonaise : ses fermes, son archéologie et son architecture de conte de fées #Hida

Ce pays traite comme des sculptures les animations des jardins d’enfants, et se passionne dès le plus jeune âge pour le baseball : un des gamins vient de réussir un magnifique arrêt de volée, sous nos applaudissements.

Vivre et mourir dans les Alpes japonaises

Fantastique exposition sur le Japon des années soixante; à vous de repérer le mari idéal nu sous son tablier de cuisine... #SuperKawai

Crapahuter sur la haute colline qui mène aux ruines du château local; arriver en nage après 2 km de pente à 17 pour tomber sur l’écriteau: « interdiction de pénétrer dans le parc du château, enorrrrme ours dangereux se baladant dans les parages ». Faire demi-tour, ruisselante de rage, silhouette potelée tressaillant à l’idée de finir en chair à ursidé nippon ;photographier quand même quelques temples au passage #Nippon

Après avoir admiré pléthore de charpentes et d’architecture vernaculaire, mangé des poulpes frits et rêvé de pêche au cormoran (Ukaï) il est temps de prendre le train qui redescend dans la vallée. Les Alpes japonaises : splendeur qu’on a peine à quitter.

Longer l’océan Pacifique à bord du serpent de mer volant : le Shinkansen. Sensation de vitesse autant que de souplesse...

Souvenirs du Japon: Kyoto

La délicatesse de Kyoto... sa taille humaine, ses mille années de splendeur et sa sourde mélancolie que des océans de touristes (majoritairement des Chinois peu rancuniers et des Coréens joviaux qui se déguisent en shoguns et en geishas tape-à l’œil) n’arrivent pas à endiguer... des jardins de contes de lune vague après la pluie, des temples d’argent et d’or... Gion et ses femmes, le marché aux poissons... Merci à notre guide si gentille et raffinée. A l’image d’une ville dont la station de tramway possède, sur le quai, un bac pour se laver les pieds ! Au revoir, beauté classique. Je te quitterai demain avec regret. Mais j’ai l’impression, dans ce voyage qui va crescendo, que m’attendent de grandes surprises architecturales ; des coups de cœur, des synthèses nippones épuré/baroque. Pourquoi choisir quand on sait si bien marier les deux?

Seule ce matin dans un temple bouddhiste. Entre silence et rire de joie lorsque le moine, trop heureux de mon unique présence, m’a fait l’honneur de me laisser sonner la cloche. J’appartiens désormais à la FAS society 🇯🇵