Lorsque j'étais enfant, je me disais : "Quelle chance, je suis française". Et maintenant, je me dis : "Mon dieu, comment l'être sans devenir grotesque ou frigide ?"
Les yeux bien ouverts, un premier constat s'impose : la France, à l'étranger, ça ne veut plus rien dire du tout. Je reviens du Mexique où mes nouvelles amitiés sont anglaises, américaines, canadiennes, italiennes. Florilège : je parle une jolie langue. C'est déjà ça. Notre fameux Art de vivre ? il en reste quelques miettes (ah, french wine) mais la mode américaine possède une belle créativité et la culture dans les pays du soleil couchant est pleine d'une fantaisie sans préjugés. La France ? A part un regard peiné et une phrase compatissante sur les attentats, à part la beauté de Paris j'ai eu l'impression de vivre dans un pays figé. En plus, pour les étrangères, tous les hommes français ont des maitresses (merci DSK) et se comportent comme des porcs. Si invoquer Cyrano de Bergerac n'est plus d'actualité, j'ai pris mon bâton de pèlerin pour rectifier avec force cette image de crétins obsédés du cul. La France ? Nada sur le plan économique international. Et je peinais dans les discussions de plage niveau business. Je me suis sentie loin, loin des choses excitantes qui se réalisent à grande échelle. J'ai eu l'impression de vivre dans un pays microbe. L'Italienne de la bande amassait plus de points que moi avec son pays. L'Italie, un pays de Français de bonne humeur ? Mon dieu, oui.
La France, qui vit crispée, sèche, sèche jusque dans la littérature... Ecrasée entre deux intolérances, celle du "tout étranger est mieux que nous" avec son plan en deux parties :
1 : repentance du colonialisme
2 : avantage des civilisations des anciens colonisés
Et celle du c'était mieux avant avec aussi son plan en deux parties :
1 : On a fait aussi du bien aux pays colonisés
2 : Il n'y a pas mieux que Flaubert (bande de petits ignares).
A titre personnel, j'en ai marre. Dans ma tête, on peut aimer travailler dans la finance et tout culbuter pour devenir boucher, dans ma tête on peut adorer Sardou et la musique expérimentale, dans ma tête on peut avoir un vase anar dans son salon sur une commode louis philipparde, dans ma tête on peut aimer le XVIIe siècle et le XXIe, dans ma tête le rock est un vecteur et Bach en est un autre, dans ma tête la classe de la rue supplante toujours celle du sang bleu, dans ma tête la culture se brasse dans d'infinis mélanges sans pour autant hurler à l'excuse ni pleurer Paul Valéry (à propos j'ai lu le livre de Luchini et si les premières pages m'ont plues, le livre en entier est affligeant de course à l'étalage culturel).
Et pire que tout, dans ma tête, les journalistes français sont des nuls. Je ne lis plus la presse. C'est fini. A tous les étages. La mise en orbite de Lea Salamé avec l'interview présidentielle récente a sonné le glas : si les médias en sont réduits à glorifier les impertinences d'une journaliste, alors le journalisme est mort. La presse féminine, pas mieux : elle nous offre une vision exténuante d'un combat perdu d'avance sur n'importe quel corps en jachère, saupoudrée d'une culture générale de copinage. Même copinage dans n'importe quel autre canard, les journalistes font comme les acteurs : ils recasent leur progéniture. La presse déco : d'une feignasserie sans nom, elle aligne les perles et va même jusqu'à imposer UNE COULEUR PANTONE PAR ANNEE. Ou comment tuer la joie de vivre par des diktats imbéciles.
Il me reste google et les recherches du tout et n'importe quoi. Il me reste les amitiés les plus disparates possibles. Il me reste la possibilité d'exploser les plans en deux parties pour imposer un plan qui s'enroule comme un escargot : le plan des romanciers italiens, le plus riche pour le moment.
C'est un endroit qui ressemble à l'Italie... et si les Anglo-saxonnes des vacances au Mexique avaient raison... Et si l'Italie devenait mon nouvel exemple... Une France de bonne humeur... Sans jugements... Sans castes... Un pays qui perd sa rigidité, sa frigidité...