Vous voulez des scoops ? des bons, sentant le fumier acide des quotidiens qui s'enivrent d'une présence "bankable" dans leurs pages (ce sont eux qui le confessent). Allons-y !
Oui je la connais. Oui c'est une de mes meilleures amies. Oui et ce, depuis 15 ans. Comment nous nous sommes rencontrées : dans un groupe apolitique de réflexion sur l'emploi. J'étais rédactrice au CIDJ, elle, magistrate stagiaire à Bobigny.
Petit coup de sang pour lever qq idées reçues.
"Elle est égocentrique et déteste les femmes". S'il y a bien justement qq'un qui est solidaire de ses consoeurs, c'est elle. C'est viscéral chez Rachida, qui a toujours eu des rapports fusionnels avec sa propre mère dont la disparition fut son plus grand chagrin. L'univers féminin, elle en a besoin et elle le valorise.
"C'est une intrigante". Là encore, maldonne. Elle est trop intelligente pour cela. Rachida sert les autres, elle ne SE sert pas. Servir autrui part de très loin, de son éducation axée sur la solidarité ; "avant de penser à toi, pense à la famille et aux autres" fut son antienne de gamine. C'est du reste un point qui nous sépare. Quand Rachida aide qq'un elle n'attend nul merci en retour car chez elle c'est pavlovien. Alors que moi, si on m'oublie, je fulmine. j'ai horreur de l'ingratitude. Elle, elle s'en fout.
"Elle ne fait rien". Ah bon ? Les mesures qu'elle a prises, parfois difficilement et au forceps dans sa première année de ministère, c'est rien ? Cette série de réformes impopulaires ont précipité la chute de celle que les journaux avaient appelée "le phénomène". Entichés qu'ils étaient d'une femme de son temps, drôle et télégénique. Et "Paris Match" fut. Et haro sur le baudet. Alors, à la base d'une erreur -car c'en était une-, on l'accusa de tous les maux. De bête de foire elle devint scandaleuse, futile, inconsistante. Plus personne pour montrer la forcenée de boulot, personne pour visionner les heures passées sur les dossiers. C'était si facile de la stigmatiser en créature artificielle à vie.
Sans cette erreur, aurait-elle été descendue en flammes ? Oui. Oui car elle est la seule à ma connaissance à posséder cette alchimie très rare d'appeler à une intimité immédiate tout en restant mystérieuse. Et quand ces deux composantes se percutent dans une même personne, on dérape très vite dans le fantasmatique. S'approprier Rachida est impossible ; elle impose donc la frustration. C'est à dire une notion à la fois intolérable pour les médias et extrêmement rentable. Elle-même ne s'en rend pas compte car curieusement, sa vision est dépourvue d'ego. Elle ne réalise pas tout à fait qui elle est, comme si un miroir lui était refusé. C'est peut-être son unique vulnérabilité. C'est aussi une force qui la maintient et la projette dans une curiosité constante des autres.
Sa principale qualité relève du don : jamais oeil psychologique n'est aussi acéré que chez cette vorace de l'être humain qui a digéré à vitesse stratosphérique les comportements de ses semblables. Rachida lorqu'elle voit une personne, sait dans la seconde quel est son talent et où se situe la faille. là encore, elle dépasse tj le constat. la faille sera mise de côté pour valoriser la qualité ; à 35 ans, fédératrice de génie, elle excellait à mettre en relation les individus sans a priori et avec une grande vista.
Le père de la petite... ah oui, qui est-ce ? MMMhhh ? Je sens les mâchoires se serrer, la salive affluer. N'avez-vous pas honte, medias et autres blogueuses, femmes ricanantes colporteuses d'aberrations. Si nous avons mis des siècles à le gagner, ce droit à la vie privée, ce droit au secret, faut-il qu'il soit mis à mal non seulement par de gros pleins de soupe qui peuplent les mondanités parisiennes mais aussi - et c'est le plus lamentable- par des journalistes femmes aux aguets du moindre scoop ?
la seule chose que vous saurez, vampires de tous bords est qu'elle est une très bonne mère sans pour autant être gâteuse de son enfant. Qu'elle continue son rythme de travail, jonglant avec son nouveau costume d'arlequin, le losange "Zohra" s'ajoutant à tous les autres. Les femmes qui ont un puissant instinct maternel ne sont pas forcément les meilleures mamans. Rachida est protectrice sans excès. "Les chiens aboient"... Mais c'est vrai, Spinoza a raison : le mot "chien" ne mord pas.
Tiens bon, tiens ton allure, avec ton cran et ta dignité teintée d'autodérision. En tout cas, mon amitié pour toi est indéfectible.
La Pine'up embrasse toutes celles et ceux dépouvus de jalousie.